mercredi 25 octobre 2006

Pour ou contre les jurys citoyens

Ségolène Royal à fait sensation en lançant l’idée de « jurys de citoyens qui évalueraient les politiques publiques ».

Tout d’abord, merci à elle d’animer cette campagne avec de vrais sujets de fond : On peut l’accuser de marketing électoral mais on ne peut pas lui enlever qu’en parlant de carte scolaire ou de démocratie participative, elle renouvelle et provoque le débat d’idées.


Populisme ?
J’entends un premier reproche sur le thème du populisme : elle entretiendrait la méfiance de la population envers ses élus. Le Cevipof a lancé un sondage dont la presse s’est fait l’écho. 60% des français n’ont pas confiance dans l’honnêteté de leurs dirigeants. Je trouve ça suffisamment inquiétant pour mériter une réponse politique. Ce sondage a été plutôt ignoré par la classe politique française comme si personne n’était concerné en particulier. La proposition de Ségolène Royal est une première piste

Démocratie d’opinion ?
Bernard Accoyer (UMP) a accusé Ségolène Royal de confondre « corps électoral et panels d’instituts de sondages » et d’autres responsables lui reproche de favoriser l’avènement d’une « démocratie d’opinion ».

Je pense que c’est un contresens. C’est aujourd’hui, en ce moment, que la démocratie d’opinion bat son plein ! Quand un nouveau sondage provoque la panique dans les états-majors des partis et modifie les programmes, de quoi s’agit-il d’autre ?

Un jury est le contraire d’un panel. Dans un panel, le consommateur est interrogé à tout bout de champs sur sa marque de dentifrice ou ses choix politiques et doit répondre en quelques secondes, quelle que soit la complexité du sujet. A l’inverse , un jury est composé de citoyens tirés au sort ; installés dans leurs fonctions, responsabilisés, informés et rendant des avis après avoir délibéré.

Evaluation
Quoi d’anormal à ce que les élus fassent l’objet d’une évaluation ? Cela ne remplace pas le suffrage universel mais donne aux citoyens des moyens supplémentaires de se faire une opinion. On ne peut pas s’en remettre uniquement aux médias pour faire une évaluation (surtout quand on voit le 20 H sur TF1 - mais c’est un autre débat). L’évaluation existe dans les entreprises ou dans les universités (pas en France). Le principe en est sain à condition de ne pas en faire un absolu.

Démocratie participative et intelligence collective
La démocratie participative ne se fait pas seulement dans les réunions de quartiers. De nouvelles formes sont à inventer pour lui donner un contenu. Le tirage au sort permet de diversifier la participation, d’éviter que seuls les retraités prennent le temps de s’investir, de faire venir des jeunes ou des populations marginalisées.

L’intelligence collective n’est pas un phénomène spontané ; Il faut des procédures originales pour qu’elle se développe. Nous devons savoir poser les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses.


Read more!