dimanche 11 novembre 2007

De l'emmerdeur en politique



Le saviez-vous ? l’emmerdeur constitue un danger pour la démocratie. Dis comme ça, cela semble une plaisanterie alors que c’est très sérieux. Permettez-moi d’en tenter la démonstration.

Où le trouver ?
Notre emmerdeur (E ) redouté sévit de préférence en soirée, lors des réunions d’associations, de partis politiques, de comités de quartier et (chic !) à chaque occasion que propose la démocratie participative. La vie professionnelle avec sa hiérarchie lui donne moins l’occasion de s’exprimer et souvent, il ne peut donner toute sa mesure qu’au moment où il prend sa retraite. On le trouve suivant un pourcentage constant dans chaque époque, chaque société où il représente – admettons - 1 %. Dans un parti politique, le taux monte assez facilement à 5 % alors que dans un comité de quartier ou une réunion de concertation, on observe parfois des pointes à 15 ou 20 %.

Comment le reconnaître ?
- E est venu pour parler, pas pour écouter, les réponses à ses questions l’indiffèrent à peu près ;
- E a un sujet en tête qu’il est décidé à exposer. Que ce sujet soit sans rapport avec le thème de la réunion ne peut pas le dissuader d’en parler ;
- Le sujet favori de E concerne en général un thème universel comme le trottoir où habite E.
- E est indifférent aux arguments invoquant l’intérêt général, concept qui lui échappe à peu près complètement ;
- Dans des cas extrêmes mais finalement assez fréquents, E est très agressif, il cherche un angle pour critiquer ses interlocuteurs et y emploie toute son intelligence (E n’est pas forcément un imbécile) ;
- Si à un moment, vous avez le sentiment que tout ce que vous pourrez dire est inutile, si vous sentez très découragé, que vous doutez de la démocratie et de « l’intelligence collective », c’est très probablement que vous êtes en train de débattre avec E.

Un peu de psychologie
E n’est sans doute pas quelqu’un de très heureux dans la vie. Sa famille ou ses amis, s’il en a, ne le supportent plus et se réjouissent qu’il exerce son goût de la polémique hors de leur cercle. Parfois, on soupçonne que les seuls rapports humains de E sont ceux qu’il a à l’occasion
du conseil de quartier ou de la réunion de section du PS (mais chez les Verts, au modem et à l’UMP, il est aussi présent). Si E est du genre agressif-hargneux-aboyeur, c’est que c’est le seul contact un peu intense qu’il sait établir.
E est sans aucun doute à plaindre. Il aurait besoin d’un peu de notre compassion (mais il ne l’aura pas).

Un danger pour la démocratie
La plupart des réunions politiques ou participatives reposent sur l’idée de laisser librement les citoyens s’exprimer. E vient en force à chacune de ces occasions et montre ses capacités à chacun. En prenant la parole, il peut transformer une ambiance conviviale en foire d’empoigne. Les gens normalement constitués, de bonne volonté, sont rarement assez motivés pour endurer ce genre de personnage. Il faut être un professionnel de la politique ou de la médiation pour cela. Du coup la proportion déjà élevée – nous avons admis 5 % - va augmenter du fait du retrait d’une partie des autres. Dans certain cas, E se retrouve même tout seul, comme un virus qui a détruit l’organisme dans lequel il s’était implanté. Il ne lui reste plus qu’à aller chercher une autre proie.
À l’heure ou la démocratie représentative s’essouffle, nous sommes nombreux à compter sur la participation citoyenne pour revivifier la vie politique. E est plus qu’un grain de sable dans le dispositif, il peut le faire capoter.

Ce qu’il faut éviter
L’une des solutions pour contrer E est de cesser de faire de la démocratie participative. La tentation est grande pour les élus. Mais le plus simple est d’ailleurs de continuer à en faire mais sans rien en attendre, comme un mal nécessaire : laissons-les discuter et décidons entre nous comme d’habitude. C’est la mauvaise solution par excellence. Elle renforce justement la position de E qui considère qu’il y a un complot contre lui et qui arrive même à être convaincant si on lui en donne le prétexte.
Un cercle vicieux entraîne les citoyens, menés par E, à nourrir toujours plus de ressentiment contre les politiques ou les technocrates. La méfiance des uns alimente le mépris des autres. Le dialogue devient à peu près impossible. E a réussi à contaminer tout le monde.

Un espoir de solution ?
La démocratie participative, en Allemagne par exemple, peut utiliser le procédé du jury tiré au sort pour débattre ou décider d’une question locale. Les membres du jury sont peu nombreux, défrayés s’ils travaillent, formés aux problèmes qu’ils doivent traiter. E est bien sûr présent dans le système mais ramené à 1 % au lieu d’être surreprésenté. Il est pratiquement inoffensif.

Et pour les partis politiques ?
Une autre façon de renforcer la démocratie est d’arriver à convaincre de plus nombreux citoyens de participer à la vie partisane. Pas de vraie démocratie sans partis politiques influents, avec des adhérents nombreux et une réelle démocratie interne. La plupart des pays d’Europe sont d’ailleurs dans ce cas. La France est une exception. Le PS belge par exemple compte autant d’adhérents en Wallonie que l’ensemble du PS français.
Or si E reste actif dans les partis, cela pose aussi un problème pour l’attractivité de la vie politique et donc pour la démocratie.
Sur cet aspect malheureusement, je suis à cours d’idées. J’attends des suggestions.


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mercredi 7 novembre 2007

Comme un arbre dans la ville



« Il faut rompre avec la conception minérale de la ville » et, à l’instar de Los Angeles ou New York qui ont décidé de planter 1,5 million d’arbres sur leurs territoires, « il faut qu’à chaque citoyen lyonnais corresponde un arbre ». Ces idées sont issues du livre programme (1) de Philippe Genin, porte-parole de Dominique Perben.
En lisant cela, je me suis senti envahi par une bouffée de sympathie pour ce personnage.

Je suis amateur des dessins animés de Miyazaki, avec leurs arbres géants, leurs dieux de la forêt et toute leur poésie écologiste. Comme je travaille et milite dans la politique depuis quelque temps, cela m’a donné des idées en d’autres occasions : aux municipales de 2001, j’avais suggéré" un parc pour chaque arrondissement" et "100 000 arbres pour le Grand Lyon". Constater que quelqu’un d’aussi influent que ce Philippe Genin ose à son tour ce genre de proposition me réjouit beaucoup. Elles étaient jusqu’ici l’apanage des rêveurs. L’époque serait-elle en train de changer ?
Comme je suis par ailleurs un adversaire politique de messieurs Perben et Genin, je suis enclin à avoir un regard critique. Attention néanmoins au procès d’intention et examinons le projet objectivement.

Planter des arbres pour quoi faire ?
Non. Je ne discuterai pas du bien fondé de planter des arbres. Cela peut bien sûr être justifié par des arguments sur la lutte contre le réchauffement climatique. Les arbres sont des pièges à carbone, des usines à oxygène, des climatiseurs naturels, des réducteurs de pollution… Mais vouloir planter des arbres correspond à une aspiration moins utilitaire. L’arbre (racines - tronc – branches) est une métaphore de nos vies avec et nous sommes nombreux à entretenir un rapport très affectif avec lui. Pour ma part, j’aime les arbres et je souhaite qu’il se multiplient. Je trouve qu’ils rendent le monde plus beau. C’est une idée un peu niaise, pas très rationnelle, mais j’aurais du mal à m’en défaire. Philippe Genin a semble-t-il la même. Après tout pourquoi pas ?

Combien d’arbres exactement ?
Lyon peut difficilement se comparer à Los Angeles ou New York, pour la superficie comme pour la population. Le chiffre de 1,5 million n’est donc pas à retenir en premier. Comme l’idée d’un arbre par habitant est avancée et que nous sommes 470 000 lyonnais, c'est ce chiffre qui me sert de référence.
Il existe aujourd’hui 25 000 arbres d’alignement à Lyon. En rajoutant les jardins publics et parcs, on peut estimer la population actuelle autour de 75 000.
Pour suivre l’idée de Philippe Genin, il faudrait donc rajouter près de 400 000 arbres soit une véritable forêt urbaine.

Combien ça coûte ?
Planter un arbre avec mise en place de terre végétale revient entre 150 et 300 euros l’unité, suivant la variété et la taille du sujet. Ce coût représente peu de chose à comparer avec les opérations de réaménagements de voiries qui accompagnent les plantations mais laissons cela de coté. Le budget de l’opération peut donc être évalué à 600 millions d’euros minimum.

Où et comment ?
Il est possible (mais pas spécialement souhaitable) de renforcer le nombre d’arbres dans les jardins. Il paraît bien sûr plus logique de mettre des arbres là où il en manque. Une petite part seulement des avenues et rues de Lyon a des arbres d’alignement. La raison en est l’étroitesse des rues mais aussi parfois que les arbres ont été supprimés dans les années 50 et 60 : c’est le cas de l’avenue Berthelot ou du cours Emile Zola à Villeurbanne. Les recommandations de l’urbanisme hausmannien étaient de consacrer un tiers de la largeur des boulevards à la chaussée et les deux autres tiers aux trottoirs plantés d’arbres sur deux rangs chacun. Le boulevard de la Croix Rousse en est un exemple préservé. L’arrivée de la voiture en ville a remis en question ces équilibres. Il fallait de la place pour rouler et stationner. Les arbres en ont fait les frais.
Pour planter un arbre il faut environ 4 m2. Son projet représente donc 160 hectares à affecter aux arbres. Seule la réaffectation d’une partie de l’espace consacrée à la voiture, stationnement et circulation, permettrait de réaliser ce projet.
Il y a aujourd’hui environ 100 000 places de stationnement sur voirie à Lyon soit à 10 m2 par voitures environ 100 hectares. Cela donne une idée de la nature des changements qui nous sont proposés puisque la suppression de la totalité du stationnement sur voirie ne suffirait pas accueillir tous ces arbres.
C’est dommage car l’aspect de la ville serait énormément modifié par ce projet. L’effet sur la qualité de l’air serait considérable car la présence des arbres et l’absence des voitures se conjugueraient.

Faut-il les croire ?
Poser la question après ces quelques chiffres implique une bonne dose d’ironie bien sûr. Ce projet, vous l’avez noté, n’est tout simplement pas sérieux. C’est dommage car il sollicite l’imaginaire : il fait rêver.

Alors il n’y aura pas de forêt urbaine à Lyon ? sans doute pas, sauf bien sûr, si l’idée séduit d’autres que Philippe Genin et moi-même, qu’un candidat sérieux(2) se pose la question de la place de l’arbre dans la ville et de ce qu’il est raisonnable de faire pour l’améliorer. Le bilan du Grand Lyon sur ce mandat est d’ailleurs très intéressant car avec plus de 70 000 sujets aujourd’hui, la population des arbres d’alignement a augmenté de 24 % ces 6 dernières années.

J’espère avoir l’occasion de revenir bientôt sur ce sujet avec des propositions concrètes.




(1) Des extraits en ont été publiés par Lyon Capitale la semaine dernière. Il a été commenté notamment dans les blogs de Jean-Yves Sécheresse et Romain Blachier
On y apprend que le reste n'est pas plus crédible que cette affaire d'arbres mais c'est une autre histoire.
(2) Ce que semble indiquer le livre de Philippe Genin, c'est que le choix se résume pour le moment à Gérard Collomb

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jeudi 25 octobre 2007

Faire une liste aux municipales (fin)



Notre soirée de désignation et ordonnancement des candidats socialistes de l’arrondissement a eu lieu hier et le suffrage des militants a produit son verdict. Voici, à chaud, quelques commentaires sur une petite expérience de démocratie interne.

Les gagnants et les aspects positifs
Les militants désignés sont dans l’ordre :
Pour les femmes, Geneviève Brichet, Claudette Bedet, Mané Thiam, Isabelle Marret ; pour les hommes, Vincent Michelin, Laurent Jauffret, Walter Graci, Henri Creston, Jean-Marc Burdin.
L’initiative a rencontré un succès certain puisque malgré des conditions assez (trop ?) restrictives de participation au vote (être adhérent et électeur à Lyon depuis mars 2007 et à jour de cotisation), soixante personnes se sont déplacées mais 10 n’ont pas pu voter ! Cela correspond à la version optimiste de nos prévisions. La section compte 90 adhérents qui remplissent les conditions mentionnées.
Nous attendons la suite désormais et nous nous interrogeons : comment ce vote va-t-il être reçu par les militants et les élus des autres arrondissements de Lyon ?
Heidi Giovacchini, future tête de liste de l’arrondissement, a donné un élément de réponse en passant une bonne partie de la soirée au local. Elle a dit son intérêt pour la démarche et son souhait que le résultat de ce vote consultatif soit pris en compte. Elle m’a paru par ailleurs très sympathique et à l’aise dans son nouveau rôle.

Les perdants et les aspects négatifs
Je fais parti des perdants puisque mon objectif était d’être le premier socialiste de la liste. La situation ne manque d’ailleurs pas d’ironie puisque le système dont j’ai été l’un des principaux instigateurs n’a pas su me désigner. Il y a certainement quelques enseignements à en tirer. Dans cet exercice, j’essaierai d’éviter une attitude « à la Jospin ».
La participation a été bonne mais elle a mis en lumière le fait que notre section ne compte 150 adhérents qu'en théorie. Beaucoup des fameux "adhérents à 20 euros" dont un article de Libé parlait ne souhaitent pas reprendre leur carte. C’est d’ailleurs un vrai sujet qui mérite d’être abordé plus en détail. L’objectif de ce genre de vote est notamment de donner du sens et encourager l’engagement militant. Nous avons donc encore du travail de ce coté là.

Un mot sur l’illustration de cet article. Une vanité est là pour rappeler à chacun que notre présence sur terre est peu de chose et que nos préoccupations sont mesquines au regard de la mort, du temps, du cosmos. Il est donc toujours utile d’en avoir une à portée pour certaines circonstances et je mets celle-ci à la disposition des lecteurs. Ce n’est donc pas une illustration de mon humeur ou de mes sentiments pour Vincent Michelin (le gagnant du vote) que je salue et félicite au passage.


Sur le même sujet sur ce blog :
Faire une liste aux municipales - comment ça marche ?
Faire une liste aux municipales (la suite)
Voir les résultats sur le site de la section ici


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dimanche 21 octobre 2007

Faire une liste aux municipales (la suite)



Ça y est, c’est prévu pour ce mercredi, la section PS du 6ème a décidé de faire voter sur l’ordre des candidats issus des militants (1). Cette liste préfigure normalement celle que présentera Gérard Collomb, à quelques détails prêts ( ?). En effet, vont se rajouter et s’intercaler dans les prochains mois des candidatures qui ne seront pas issues du PS : membres de la société civile ou partenaires politiques de toute la gauche (et peut-être au delà). Entre l’exigence d’efficacité et la nécessité démocratique, entre la légitimité de l'élu en responsabilité et celle du parti, comment trouver le bon équilibre ?

Du point de vue de Gérard Collomb
Heidi Giovacchini, directrice de la clinique Monplaisir a déjà été annoncée pour la tête de liste de l’arrondissement de Lyon 6.
Que Gérard Collomb souhaite s’ouvrir à la société civile semble une démarche logique et nécessaire. Dans une ville où la sociologie n’implique pas de façon évidente un vote à gauche, le maire doit trouver des appuis au-delà de sa famille politique. De plus, comment ne pas constater que le PS aujourd’hui n’est pas au mieux de sa forme. Beaucoup de maires sortants doivent s’interroger : est-ce que leur appartenance à ce parti va les aider ou au contraire les handicaper pour les élections de mars prochain ? C’est bien au PS de prouver qu’il peut apporter quelque chose à ces candidats.

Du point de vue des militants
Les militants « de base » pour leur part, souhaitent montrer qu’ils peuvent être mieux qu’une force d’appoint dans la lutte qui s’annonce. Ce qui distingue un parti politique d’un club de supporters, c’est la faculté que les militants ont de participer aux étapes clés de la vie politique : la réflexion sur le programme, la désignation des candidats et bien sûr l’émergence des rangs du parti de certains candidats. Il ne peut y avoir de monopole des militants sur ces rôles. L’élaboration réelle d’un programme demande généralement plus de connaissances qu’ils n’en possèdent, la désignation des candidats doit prévoir l’intégration de partenaires qui seront éventuellement plus utiles que les candidats issus des rangs militants. Cependant, ne pas reconnaître ces rôles aux militants, c’est leur enlever leur raison d’être.

De mon point de vue

L’organisation de ce vote est une expérience inédite (ou du moins inusitée). La désignation des têtes de listes par un suffrage militant est en passe de devenir la norme pour la plupart des partis. L’ordonnancement des listes par un vote est l’étape suivante. A terme, elle peut être un moyen de revitalisation de la vie politique locale par un surcroît de démocratie, de la même façon que l’on avait pu le dire des primaires PS aux présidentielles.
Le reproche qui a été fait ensuite au système de primaires du PS, a été, à cause des aléas d’une campagne interne, d’avoir affaibli la personnalité désignée. Il est vrai que ce risque existe. Toute campagne interne crée des frictions et peut ensuite affaiblir le candidat élu. L’absence d’élections en interne, crée elle, des frustrations. Gageons qu’entre ces deux maux, nous saurons choisir le moindre.

(1) un précédent article avait donné le pourquoi et le comment de ce vote

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Se présenter




Voici quelques éléments de mon CV, tels que les militants PS du 6ème en ont connaissance à l’occasion du vote de mercredi prochain :
Laurent Jauffret, 44 ans, vie maritale, un enfant de cinq ans, habite le 6ème arrondissement de Lyon depuis 1998.


Profession : secrétaire général du groupe socialiste du Grand Lyon depuis 2001
Emplois précédemment occupés dans l’architecture intérieure et la communication

Champs de compétences et d’intérêts : urbanisme, environnement, institutions, communication
Formation : maîtrise d’Histoire contemporaine, diplômé de l’Institut d’études politiques (Sciences Po)

PS : adhérent depuis 1995, membre du Conseil fédéral, du Bureau fédéral, délégué à la communication et aux NTIC (fédération du Rhône), membre du comité de soutien de Gérard Collomb pour les municipales de 2008

Le pourquoi de ma candidature :
Défendre une certaine idée du PS et de la politique : le parti socialiste a parfois déçu ses militants ou ses électeurs mais il continue d’incarner une aspiration forte. Il s’agit de le reconstruire, c’est-à-dire de montrer qu’il a quelque chose à dire, en France comme à Lyon - et même ici, dans un 6ème arrondissement réputé de droite.

Illustration : Mr. Smith Goes to Washington de Frank Capra

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dimanche 14 octobre 2007

Les trois péchés de la maison individuelle


« Faut-il brûler les maisons individuelles », est le premier titre qui me soit venu à l’esprit avant d’écrire cet article. Quand il a fallu passer à la rédaction, je me suis rabattu sur un titre moins provocateur car tenir un discours politique qui propose de brûler quelque chose que tout le monde adore, n’est ni réaliste, ni juste. Un sondage datant de janvier 2007 estimait que près de 90 % de la population marque sa préférence pour cet habitat au détriment de l’habitat collectif. J’ai donc tenté de réfléchir dans cet article, à une position qui prenne en compte cette réalité mais ne soit pas (trop) en contradiction avec ce qu’il est convenu d’appeler le développement durable.
Car, vous vous en doutez, les trois péchés de la maison individuelle sont des péchés contre la planète. Et donc un jour ou un autre, ce seront des péchés mortels.

1/ La maison individuelle : un péché contre l’économie durable
Quand il s’agit de faire passer l’eau, le gaz ou l’électricité, pour évacuer les eaux usées ou les déchets ménagers, il est plus économique de traiter tout un immeuble qu’une maison isolée.
Concernant le chauffage, chacun comprend que, indépendamment des mesures d’isolation et de la qualité du bâti, le collectif coute moins cher car une bonne partie des échanges thermiques se fait avec notre voisin et non avec l’extérieur.
Si le fonctionnement coute plus cher, cela regarde les occupants, me direz-vous ? Non, pas seulement. Pour la collectivité (donc vous et moi), l’habitat individuel coute plus cher aussi. La collectivité peut traduire ce surcout dans ses tarifs de raccordement aux réseaux divers. La plupart du temps, elle ne le fait pas. D’autre part, l’énergie dépensée étant en grande partie de l’énergie fossile et non renouvelable, cela nous regarde tous, non pas nous, les contribuables mais nous, les citoyens.
Des réponses existent néanmoins. Les normes HQE, les maisons passives sont en passe de devenir autre chose que des lubies de babas. Dorénavant, même un constructeur comme Phenix s’adjoint Yann Arthus Bertrand pour proposer un concept de maison écologique.
Le coût énergétique supplémentaire est donc acceptable, A LA CONDITION que s’imposent le plus tôt possible des normes rigoureuses de construction.
Cela ne règlerait d’ailleurs pas le problème des habitations existantes dont beaucoup, quels que soient les travaux entrepris, resteront énergivores.
Pour les habitations impossibles à réformer, que faut-il prévoir ? Les brûler suivant mon idée initiale ? Ou, plus sérieusement des démolitions-reconstructions ciblées, à l’image de ce qui se fait pour les grands ensembles des années 60, quand on désespère de les rendre à nouveau attractifs ?

2/ La maison individuelle : un péché contre le paysage
Promenez-vous dans le Beaujolais, promenez-vous dans la Drôme… Mais faites vite car les paysages sont en passe d’être dénaturés. La pression est forte pour la création de lotissements. Les vignerons sont d’accord pour réduire leur production de vin (qu’ils n’arrivent d’ailleurs plus à vendre) si les terres agricoles deviennent constructibles. Attendons-nous à voir pousser toujours et partout, plus de nouvelles constructions : fermettes provençales ré acclimatées à la Bourgogne ou à l’Auvergne, agrémentées de piscines hors sols et de chaises longues en plastique
La population française, à qui l’on n’a jamais inculqué la moindre culture architecturale à l’école, se précipite depuis trente ans sur les produits sans goût ni grâce des promoteurs constructeurs. Certains, croyant faire preuve d’imagination, ont personnalisé leur plan, lui donnant une forme torturée, multipliant les décrochements, les vérandas, les colonnades. D’autres,par souci d’être gais, ont tenté la couleur avec des enduits de façade jaunes canari et des volets mauves. Les points de vue les plus typiques sont ainsi durablement pollués, avec l’assentiment des élus locaux et dans l’indifférence ou l’aveuglement général. Si certains secteurs de notre pays sont en phase terminale de ce processus (notamment une bonne partie de nos cotes), d’autres régions, qui souhaitent s’ouvrir au tourisme ou qui voient arriver des populations de « rurbains », peuvent encore être sauvées.
Il y a un mystère que l’on n’expliquera pas : pourquoi pendant des générations, les français ont construit de leurs mains de si jolies fermes et pourquoi aujourd’hui aiment-ils de si laids pavillons ? Leur goût se remettra-t-il d’aplomb ? à quelle condition et après quelles mesures coercitives ?
Ne peux-t-on imaginer que toutes nouvelles constructions soient tenues de respecter un cahier des charges architectural qui garantisse un minimum d’insertion dans le paysage ? Cela existe, me direz-vous, dans les secteurs classés. Mais nous ne vivons pas tous dans des secteurs classés et ne méritons pas pour autant les secteurs déclassés.
Quelques pistes pour un cahier des charges d’insertion paysagère : Se tenir à un volume ou une forme générale correspondant à l’architecture locale, garder la même pente de toit, le même type de tuiles, se conformer à une palette de couleurs, etc. A CETTE CONDITION, on pourra concilier la construction de maisons individuelles et la qualité paysagère.
Ce type de mesure est bien sûr très conservateur (ou conservatoire) et susceptible de stériliser la créativité architecturale. Les architectes seraient sans doute les premiers à s’opposer à ce retour à une architecture « traditionnelle » et locale. Le remède n’est pourtant pas pire que le mal et rien n’empêche de prévoir des exceptions à ces règles contraignantes si c’est au nom de la qualité de la construction et non du bon plaisir des constructeurs.



3/ La maison individuelle : un péché contre la mobilité durable
Imaginons maintenant des maisons répondant aux exigences d’insertion dans le paysage et aux normes HQE. Doit-on encourager leur prolifération ?
Non, bien sûr. Ces précautions sont sans effet sur une autre conséquence de l’habitat en maison individuelle : le mode de vie. Ces maisons se construisent là où le terrain est abordable, dans la lointaine banlieue. Habiter dans ces zones « rurbaines » qui se développent en 3ème ou 4ème couronne des agglomérations implique pour une famille l’usage de deux ou trois voitures. La densité est faible, ce qui veut dire que les commerces, services et emplois sont rares, dispersés et que la voiture est nécessaire pour chaque activité. L’usage des transport en commun est inadapté. Pour justifier un tramway ou un métro, il faut un centre ville dense et non une rase campagne. Même les cars ne sont utilisés que par ceux qui ne peuvent pas conduire : les scolaires. Reste le train. La redynamisation du réseau ferroviaire local, la modernisation du matériel, le cadencement des horaires et la création de parkings relais sont en marche sous l’impulsion des régions. Il vaut sans doute mieux que de nouvelles populations s’établissent autour des gares que le long des autoroutes.
On ne devrait pourtant autoriser les implantations que là où il est possible de se passer de sa voiture : marcher jusqu’à la gare, faire ses courses ou aller à l’école en vélo... A CETTE CONDITION, on pourra concilier mobilité durable et habitation individuelle.


Gérer nos contradictions
Trois conditions pour continuer à faire des maisons individuelles, trois conditions pour préserver nos modes de vie tout en nous mettant un peu au régime : un régime avec moins d’émission de CO2, moins de déplacements et plus de respect des espaces naturels.
Est-ce que cela est suffisant et pour combien de temps ? La question reste ouverte.
L’autre solution consisterait à changer nos goûts, redécouvrir l’agrément du collectif, de la ville, du vivre ensemble les uns avec les autres, les uns au-dessus des autres et renoncer à cet idéal petit bourgeois de la maisonnette et du bout de jardin.
Pour l'instant, personne ne semble prêt à cela. Ni vous, ni moi.

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jeudi 4 octobre 2007

Faire une liste pour les municipales - comment ça marche ?




Dans tout processus électoral, pour juger de la qualité démocratique d’un scrutin, il est intéressant de considérer ce qui se passe AVANT l’élection : des candidatures libres, un scrutin sincère et exempt de fraude, certes… mais quid de l’établissement des listes de candidats soumises aux électeurs ? Le code électoral est muet sur la façon dont elles doivent se confectionner. On imagine que cela laisse la place à toutes sortes de pratiques, comprises entre la négociation pour établir un subtil équilibre interne et le diktat ou le coup de force. Comme la question se pose un peu partout, de la plus rurale à la plus urbaine des 36 000 communes de France, cela justifie de s’attarder un peu.

La loi de la tête de liste
La tête de liste décide, c’est la pratique la plus répandue. Si dans beaucoup de partis, cette tête de liste est désignée par un suffrage de militants, elle reste ensuite seule à la manœuvre pour la composition des listes. Cela ne signifie pas qu’elle décide tout toute seule mais qu’elle assume seule la responsabilité du résultat. Des négociations ne manqueront pas d’intervenir avec les alliés et partenaires, qu’ils appartiennent à son parti, à un autre parti ou à la société dite civile. Le résultat est ensuite affaire de style et de rapport de force. La « loi de la tête de liste » n’implique pas un système autocratique car il ne faut pas confondre l’apparence et la réalité du pouvoir.
Ainsi, un premier ministre anglais a pu dire autrefois : « il faut que je les suive, c’est moi leur chef ».

La raison de celui qui parle le plus fort

C’est une expérience que beaucoup d’entre nous ont faite : lors d’une réunion, une idée ou un projet est présenté à un groupe de personnes. S’il n’y a pas de réaction, le projet est considéré comme validé. Si au contraire, un individu - en général une « grande gueule » - formule une objection ou un rejet, le projet est modifié. La majorité des décisions, dite collégiale, se prennent ainsi. Prendre le temps d’un tour de table n’est pas toujours possible. Sans doute tout le monde n’est-il pas d’accord avec la « grande gueule » mais personne n’est assez motivé pour l’affronter et chacun imagine qu’il serait le seul à ne pas être d’accord.
Quand on fabrique une liste de candidats, ce sont les grandes gueules qui haussent le ton pour être aux bonnes places. Le silence autour d’eux passe pour de l’assentiment. C’est pourquoi le monde appartient aux grandes gueules (et non aux chefs).

Trouver une solution démocratique
Si mon constat est juste, la situation actuelle n’est pas très satisfaisante. Ne peut-on trouver de solution alternative ?
Je discutais hier avec mon secrétaire de section (au PS, le responsable d’un groupe de quelques dizaines ou centaines de militants) et il m’a soumis l’idée de faire une liste (pour le 6ème arrondissement de Lyon) dont l’ordonnancement serait issu d’un vote. Les statuts du PS prévoient la constitution de la liste par une commission, suivie d’un vote sans possibilité de modification de cette liste. Mais rien n’interdit une consultation des militants sur la place des candidats dans la liste, étant entendu que seuls les premiers ont une possibilité d’être élus. La solution proposée et que je soumets au débat est celle-ci :
Les différentes candidatures se voient attribuées des points lors du vote en fonction des préférences des votants. Celui qui souhaite que le candidat A soit premier de liste sur 5 postes éligibles, lui attribue 5 points, 4 points pour le voir second, puis 3, 2, 1 ou 0 points pour l’éliminer. Il répond ensuite à la même grille pour les candidats B, C, D, etc. Cela ressemble un peu à une grille de Yam et c’est plus simple à comprendre qu’à expliquer. A l’heure de l’informatique et des tableurs, le dépouillement est facile et permet de départager et d’ordonnancer les candidats à la candidature.

On peut imaginer qu’un tel système ne va pas être adopté instantanément dans 36 000 communes mais si des volontaires se déclarent, je suis preneur d’un retour d’expérience.

Cet article est également publié par Agoravox et LePost

Laurent Jauffret


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vendredi 28 septembre 2007

Facebook, c'est parti !

Facebook, on en entend parler depuis un moment même si on est beaucoup à pas avoir encore compris de quoi il s'agit (1). Alors quoi de neuf ?
Et bien l'arrivée imminente des politiques. Les pauvres ont eu du mal à se mettre au blog et déjà il leur faut courir derrière un nouveau train.
Si le Figaro en parle ici, c'est que le phénomène commence à prendre quelque ampleur. Et peut-être aussi est-ce une façon de signaler aux élus de droite qu'ils sont déjà à la traine. La preuve : le Figaro a été obligé d'interviewer Anne Hidalgo plutôt que Françoise de Panafieu. En revanche, sur l'intérêt de l'outil, Anne Hidalgo est encore peu convaincante. Il est vrai qu'elle n'a pas des centaines de milliers "d'amis" comme Hilary Clinton avec qui lancer des pétitions, organiser des manifestations ou simplement diffuser ses messages en un clic. Ma pratique étant pour le moins embryonnaire, j'aurais à revenir sur le sujet pour infirmer ou confirmer l'intuition de Valério Motta : le phénomène Internet municipales de 2008 pourraient bien être les “élections facebook”, comme on a parlé de “présidentielle Dailymotion”.


(1) Voici une petite revue de web sur le sujet. On y apprend qu'il s'agit d'un réseau social (wickipédia), avec un trombinoscope façon copains d'avant et partage de vidéo (le Monde) mais surtout une façon performante de mettre en contact les utilisateurs (internetactu). On a beaucoup entendu parler des débats sur la vie privée (Libé et 20 mn) ou sur la valorisation à 10 Milliards de $ de ce nouveau géant des TIC (trends ou le Point). Plus pragmatique, ce blog marketing vous donne quinze usages professionnels de Facebook et celui-ci les usages politiques. D'autres articles ici. Il ne reste plus qu'à aller voir sur place.

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mercredi 26 septembre 2007

Nouveau : un square près de la mairie de Lyon 6ème !



Voici le nouveau jardin public de Lyon 6ème : le square de la mairie. Il s'agit bien sûr d'une vue de l'esprit ; pour le moment. Comme la photo l'indique, cet espace est encore un parking, mais il n'a pas vocation à le rester éternellement. Les raisons ne manquent pas de transformer les parkings en jardins ; examinons-en deux :

1/ Trouver de nouveaux espaces verts

Il y a un consensus des habitants sur ce point et un vrai besoin. Les parcs et jardins sont peu nombreux et ils débordent. Comme l'espace est rare et cher en ville, on peine à trouver des solutions. Sauf à détruire des ilots entiers pour les transformer en jardin (mais on est en pleine crise du logement), les réponses ne pourront être que bricolées et partielles. Du moins ne nous privons pas d'en inventer. Ce site de la mairie du 6ème est parfait : il est très calme car entouré d'immeubles, déjà arboré et d'une taille très honorable (2500 m2). Les aménagements sont minimes et le coût aussi : pas d'expropriation à faire puisque c'est la ville qui est propriétaire.


2/ Sortir les voitures de la ville
A l'heure du Grenelle de l'Environnement, un consensus national est recherché sur des mesures limitant nos rejets de CO2 : taxe carbone, limitation de vitesse, péages urbains, etc (à ce propos, prenez connaissance des préconisations de la FNAUT). Des solutions peuvent être mises en oeuvre au niveau local également en supprimant des parkings et donc en restreignant l'usage de la voiture.
L'inconvénient de ce projet est qu'il est mal perçu par l'usager auquel on supprime l'accès à un service. Il faut donc impérativement qu'il existe une alternative de transports en commun performante - dans ce cas-ci, il y a le métro à deux pas - et qu'une compensation soit étudiée pour ceux auxquels un avantage est retiré (par exemple une participation à un abonnement TCL).
Ce parking est actuellement utilisé par les élus du Conseil d'arrondissement, les services de la ville et des employés municipaux. On peut imaginer que la plupart d'entre eux se rallieront à ces arguments.

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vendredi 21 septembre 2007

Vive la tour de béton !


C'est une image de concours d’architecture. Concours gagné en juin 2005(1) par les architectes Rousselle et Laisné. C'est donc une tour, de béton et, à mon avis, un parfait exemple à suivre pour construire la ville de demain.
Comme les tours de bétons n'ont pas toujours la cote, cela mérite quelques explications.

Une architecture inventive

Tout d’abord, vive l’architecture inventive : Cette tour est constituée d’une série de dalles béton dont aucune n’est exactement superposée à celle qui est en dessous. D’où cette allure de millefeuille chahuté, en rupture avec les monolithes de verre auxquels sont associées les tours habituellement.


Les terrasses omniprésentes

Vive les terrasses : Un des inconvénients majeurs de l’appartement par rapport à la maison individuelle tient dans l’obligation de vivre à l’intérieur. Or les habitants des villes ont de plus en plus envie d’être à l’air libre. Pour répondre à cette demande il faut 1/ créer de nouveaux parcs urbains (mais l’exercice a des limites car l’espace est rare et cher en ville), 2/ encourager les terrasses dans les immeubles neufs. Je parle de vraie terrasse où l’on puisse diner, recevoir, bronzer, etc. et non de couloirs-balcons. Il faut noter que la réglementation actuelle n’encourage aucunement les terrasses car le m2 de terrasse n’est pas distingué du m2 « habitable » dans les droits à construire.
Dernière remarque sur les terrasses du projet : elles semblent avoir chacune une certaine intimité, ce qui est possible en ne répétant pas la même forme d’un étage à l’autre et grâce à des différences d’orientation.


Bienfaits de la densité

Vive la densité : Le mot fait peur car il donne le sentiment que les habitants vont « se marcher dessus ». La réalité est autre. En fait ils vont « vivre les uns sur les autres » et c’est pour cela qu’ils auront de l’espace. L’espace au sol est restreint mais l’espace en hauteur est sous utilisé dans nos villes. Pour s’étaler, il faut choisir la verticale.
C’est parce que la ville aura choisi de se développer vers le haut qu’elle pourra retrouver de l’espace au sol pour des parcs et espaces de loisirs.


La vue imprenable

En insérant une tour dans un bâti plus traditionnel, on permet aux occupants de bénéficier de points de vue. L’espace parfois restreint d’un appartement ne se vit pas de la même façon si la vue donne sur les Alpes ou sur l’arrière cour.


Un urbanisme écologique


J’ignore si le projet en question est HQE. J’avoue que ça ne me paraît pas être le plus important. Plus que les quelques kilowatts économisés en fonction de l’isolation, c’est d’abord le mode de vie induit par une construction qu’il faut prendre en compte.
Prenez une habitation individuelle à la périphérie de la ville, même si l’architecte en a fait une « maison passive », elle implique par sa localisation que ses habitants auront un usage quotidien d’une ou deux voitures. En effet, dans la 2ème ou 3ème couronne des agglomérations, les transports en commun sont peu performants car l’habitat est disséminé, les emplois sont également loin des habitations, tout comme les lieux de loisir ou les commerces. La première condition pour qu’un habitat soit écologique est donc qu’il soit situé en ville - on en revient à la densité - permettant à ses occupants de se passer de voiture pour les principaux besoins de mobilité : travail, services, commerces…


Éloge de la mixité


L’urbanisme écologique implique aussi la non spécialisation des quartiers. Qui dit « quartier de bureau », dit aussi « déplacements » et qui dit « quartier dortoir » dit « déplacements » également. De plus l’espace est gaspillé puisqu’il n’est utilisé que la moitié du temps.
La tour de Roussel et Laisné est prévue pour un usage mixte de logements, bureaux et activités. Dans une ville vraiment bien faite (on peut rêver) chacun peut aller travailler à pied ou en vélo car les fonctions logement et emploi sont entremêlées.



Réhabiliter les tours


Les tours des années 60 ont été instituées en symbole des méfaits de la modernité. Je me souviens même qu’une étude avait établi que la criminalité dans les banlieues augmentait en exacte proportion du nombre d’étages. Ces préjugés ont la vie dure. Il suffit pourtant de regarder hors de France pour constater qu’un habitat en tour peut être de qualité, voir de grand luxe comme les immeubles près de Central Park à New York. Plus modeste et plus près de nous, la ville de Sète comporte quelques tours d’habitation de 15 ou 20 étages, disséminées le long des canaux. Leur architecture des années 60 est médiocre mais leurs silhouettes élancées s’intègrent plutôt bien au bâti traditionnel.


Affaire à suivre


Il y a quelques mois, un débat très parisien avait opposé partisans et adversaires des tours. Il semble que ces derniers ont gagné la première manche. Le reste de la France, lui, a assisté au match de loin et ne s’est pas senti concerné. Après tout, « la place ne manque pas chez nous » semblent penser les provinciaux.
Eh bien si justement ! la place manque dans nos têtes pour que ce type de projets se développe et nous propose un autre mode de vie.

Cet article est publié et débattu sur Naturavox

(1) Ce n'est donc pas une actualité brulante mais je suis tombé dessus à l'occasion du congrès des HLM qui se tenait à Lyon cette semaine. L'avantage de la découvrir si tard, c'est que ça nous rapproche de la date de livraison (il faudra un jour que je fasse une petite enquête sur les délais parfois extravagants qui existent entre le lancement d'un projet et sa réalisation).



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mercredi 19 septembre 2007

Obésité des enfants, que fait le parlement ?


Quelques chiffres édifiants proposés par le syndicat de consommateurs UFC Que choisir sur le site OBESIPUB.org :

  • l’obésité a un taux de croissance annuelle de 5,7%,
  • et en un an, la France comptabilise 330.000 personnes obèses supplémentaires,
  • le coût pour la collectivité de l'obésité est estimé à 15 milliards par an,
  • le budget annuel de communication des industries de l'agro alimentaire est de 1,5 milliard d'euros,
  • Sur plus de 1000 publicités analysées par l'enquête que choisir sur les programmes pour enfants, 87 % des spots sont pour les produits alimentaires particulièrement sucrés ou gras.
Pour mettre fin à ce harcèlement alimentaire, vous pouvez écrire un courriel aux parlementaires pour dénoncer le laxisme des annonceurs et leur demander d’encadrer par la loi la publicité à destination des enfants.

C'est très simple (1 clic) et c'est ici
voir aussi l'article du Monde.

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lundi 17 septembre 2007

Les leçons du "spin doctor" de Blair


Les blairistes ont encore quelques leçons à donner aux socialistes. La preuve dans cet interview d'Alastair Campbell, ancien directeur de la communication de Tony Blair (le Monde du 16 septembre). C'est vrai que ça se lit sans plaisir particulier car Sarkozy est présenté comme un exemple alors que les erreurs de communication commentées sont celles ... des socialistes.
Blair incarne souvent quelque chose de diabolique pour les socialistes français. Certains se disent peut être qu'il vaut mieux perdre avec nos idées que gagner avec les siennes, c'est à dire, en entrainant tout son parti vers la droite. De plus Blair passe volontiers pour un manipulateur ou même un menteur. Sa communication est-elle donc un exemple à suivre ? son gourou (spin doctor) est-il un expert légitime ? Pense-t-il pouvoir nous donner des leçons pour maitriser la "pipeolisation" ou la politique spectacle ?

je vous conseille de juger sur pièce : Campbell parle plutôt de clarté et permanence du message, de s'adresser à la population et non de discourir entre socialistes, d'être précis dans le choix des mots, de ne pas confondre objectif, tactique et stratégie...

Rien de fondamentalement décoiffant mais chaque reproche est étayé par un exemple précis. Alors on se dit que oui, les socialistes ont des marges de progression en communication.

Il se trouve que c'est justement une des pistes que je me propose d'explorer dans ce blog.

Lire l'article sur le site du Monde.

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jeudi 13 septembre 2007

Qui a peur de la démocratie participative ?


Dans cet article, vous trouverez, entre autres choses, une liste des défauts de la démocratie participative (DP) : défauts supposés, préjugés, procès d’intentions de tous poils mais aussi inconvénients bien réels, auxquels on peut, parfois, apporter des correctifs, parfois pas.
Cet inventaire n’est sans doute pas le meilleur moyen de « vendre » la démocratie participative à nos concitoyens. Il paraît à priori plus simple et logique de dresser la liste de ses qualités qui vont lui permettre de sauver notre vieux système de représentation sclérosé. Sauf que les défauts de la DP ressemblent à ceux de la démocratie et que comme disait Churchill et comme chacun sait désormais, la démocratie est le pire des systèmes à l'exception de tous les autres. Ne peut-on dire la même chose de la DP ? Faire la liste de ses défauts, c’est aussi apprendre à faire avec ou chercher des solutions pour faire sans. Apprendre à ne garder de la démocratie participative que ce qui peut améliorer la démocratie tout court.

La démocratie participative ? non merci, tout va très bien comme ça


Ici pourrait se glisser le passage obligé sur la crise de notre système actuel de représentation. Il faudrait évoquer les notions d’abstention, de désaffection, de sous représentation, de confiscation, d’image négative, de technostructure… cette démonstration n’est sans doute pas nécessaire car chacun sent bien qu’il existe un problème. La dernière élection présidentielle a marqué cependant une sorte de renouveau démocratique. La participation a été forte, y compris chez les jeunes, les débats nourris et passionnés… Sauf que les 3 principaux candidats, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou, ont chacun fait campagne sur la rupture, le changement de système, d’époque, de logiciel… L’élection suivante, celle des législatives, a montré que le phénomène de baisse continue de la participation était bien une tendance lourde et que la présidentielle était l’exception.


Et au niveau local ?


On sait que les maires sont jugés de façon positive par les français. Quand ils disent du mal des hommes politiques, ils sous-entendent « sauf monsieur le maire bien sûr ». Donc tout va bien ? Pas si sûr. D’abord, à l’exception des grandes villes, il existe une vraie difficulté à recruter du personnel politique local. C’est une activité qui demande du temps et de l’énergie et qui apporte en retour assez peu de rétributions, symboliques ou matérielles.
Un autre problème peut être pointé : celui de la difficulté à faire vivre un débat municipal. Qui s’intéresse aux conseils municipaux ?quelle part de la population est réellement informée, impliquée dans ses discussions ? Sans parler des échelons du Conseil général ou de l’intercommunalité qui ne rencontrent qu’indifférence et incompréhension de la part de la population.
Il faut dire aussi que les sujets apparemment les plus simples, comme la propreté ou le ramassage des déchets, font en réalité appel à toutes sortes de connaissances administratives, techniques, juridiques, économiques : ils nécessitent de savoir quelle collectivité est compétente sur quelle question, comment fonctionne une délégation de service public ou un appel d’offre, quels sont les acteurs économiques du secteur : Le résultat est que, tout comme au niveau national, la technostructure gagne sans cesse du terrain.


Injecter du sang neuf

Pour régénérer un système dont on voit les signes d’usure, pour inverser la tendance au désintérêt et au désengagement des citoyens envers la politique traditionnelle, il faut que de nouvelles couches de la population soient sollicitées, avec des moyens nouveaux et différents. Cela peut être une des justifications de la DP : la politique à l’ancienne a besoin de la DP.
L’autre bonne raison pour aller dans cette direction est la demande. Les citoyens réticents à l’engagement politique traditionnel sont néanmoins demandeurs de formes nouvelles. Le succès des conseils de quartier, mis en place dans les grandes villes lors du dernier mandat municipal en témoigne. Pour la politique nationale, le cas des forums participatifs de la campagne de Ségolène Royal a joué un rôle de révélateur. L’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir a mis la DP au second plan mais d’une façon provisoire à mon avis. L’approche des municipales va réactiver cette question. Ses partisans et ses adversaires vont se déclarer et commencer à s’empoigner.


Élus versus démocratie participative


Il existe une vision de la DP, qui ne manque pas de logique et qui pourrait se résumer par cette évidence : si les élus représentent les citoyens, qui représentent les citoyens auxquels la DP donne la parole. Bien sûr la réponse s’impose : ils ne représentent qu’eux même.
L’arrivée de la DP dans notre système politique revient à remettre en cause de facto la légitimité des élus pour lui opposer celle de « simples citoyens » dont la légitimité est en fait beaucoup plus problématique.
Les élus sont contestés au nom de leur faible représentativité. Ce sont des hommes, plutôt âgés, issus de la fonction publique ou de profession libérale et n’appartenant pas aux « minorités visibles » de la société. La DP donne pour sa part la parole à ceux qui sont volontaires pour assister à des réunions le soir et se trouvent être le plus souvent des hommes, plutôt âgés et retraités et n’appartenant pas non plus aux « minorités visibles » de la société.
Transférer une parcelle de pouvoir des politiques vers cette population semble de nature à faire régresser la démocratie plutôt que la faire progresser. Et que dire des associations représentant toutes sortes de populations, les piétons, les automobilistes, les buveurs d’eau, etc. Les avons-nous désignés ? D’où tiennent -t-ils leurs mandats ? les tenants de la DP répondent alors : ils le tiennent des membres de leur association qui les ont désignés. Tout comme les hommes - les femmes - politiques sont désignés par les partis et leurs militants.


Militants versus démocratie participative

Si le militantisme, le système des partis, étaient bien fait, il n’y aurait pas besoin de la participation citoyenne – si la démocratie participative était bien faite, il n’y aurait pas besoin de partis politiques.
C’est un peu une provocation, un peu une boutade, mais pas seulement. Les partis politiques sont sensés représenter la société et désigner en leur sein les candidats aux élections. Il est quasi impossible d’être élu sans être passé par eux. Toute la validité démocratique du système électif repose sur deux présupposés :
- Les partis représentent la société dans sa diversité ;
- ils ont eux même un fonctionnement démocratique.
Bien évidemment ces deux affirmations sont discutables. Si le PS devenait réellement un parti de masse, si sa sociologie correspondait à son électorat, s’il renouvelait ses modes de débats collectifs, si tous les partis politiques connaissaient aussi de telles évolutions… Alors la DP serait inutile.
Si la DP n’avait les inconvénients que j’ai cités précédemment (et ce n’est pas fini), alors les partis seraient inutiles.
En attendant ce grand soir de la démocratie, mieux vaut tacher de fonctionner avec les partis ET la démocratie participative.


Qui décide quoi ?


Tant que la DP se réduira à des réunions de quartiers, tant que ne participeront que « ceux qui ont le temps » ou « qui habitent à côté », sans autre forme de légitimité, il me semble déraisonnable de lui donner un rôle autre que consultatif ou marginal. Les citoyens concernés par un projet peuvent trouver de l’information, se faire une opinion et la faire connaître. Ce n’est déjà pas si mal. Cette opinion peut (et doit) intéresser l’élu mais ne doit pas s’imposer à lui. Il doit pouvoir prendre sa décision, ses responsabilités en fonction de ses convictions et de ce qu’il pense être l’état de l’opinion.
L’inconvénient de cette conception est que la DP peut se transformer en outil de communication, et même diront certains, en outil de manipulation. C’est un risque à garder présent à l’esprit.


L’épouvantail du jury populaire


Pour faire correspondre une assemblée de citoyens à la population, une méthode existe depuis fort longtemps (les fameux grecs) : le tirage au sort. L’idée a même été agitée par Ségolène Royal pendant la campagne (je l’avais commenté dans ce billet). Les arguments invoqués précédemment sur le défaut de représentativité ou de légitimité tombent.
En revanche, bien que représentatif et légitime, le jury populaire tiré au sort se voit soupçonné 1/de faire doublon avec les élus 2/d’être incompétent. Une réponse sur le premier point avait été donnée par Ségolène Royal : charger ces jurys de l’évaluation des politiques publiques. Celle-ci n’existe pas vraiment dans notre pays et la confier à des citoyens ne prive personne de son job. Mais seront-ils qualifiés pour le poste ? Le deuxième argument, celui de l’incompétence, parait plus difficile à écarter. Sauf à rendre les gens compétents avant de leur demander leur avis. N’est-ce pas le rôle d’une démocratie que de former ses citoyens ?


La république des sondages ?


De simples citoyens ont la parole tous les jours sur toutes sortes de matières via les sondages. Ils expriment une opinion spontanée sur un sujet auquel ils n’ont pas réfléchi et ces sondages là, guident ensuite l’action publique. Gouverner avec les sondages, c’est par définition gouverner avec un point de vue non éclairé. Pour que la DP évite ce travers, les citoyens doivent délibérer et non répondre par oui ou par non à un enquêteur. Cela implique au préalable d’avoir été formé et informé, de préférence par des experts impartiaux, désignés par les jurés eux-mêmes ou par une autorité indépendante. Tout cela paraît bien compliqué mais est déjà en œuvre en Allemagne par exemple.


Et au niveau local ?

Quand un équipement concernant un vaste territoire (une ligne de chemin de fer, un contournement routier, un stade, etc.) est soumis à la concertation, les participants sont pour la plupart des riverains du projet, c'est-à-dire ceux qui vont en connaître les désagréments et qui sont les seuls à s’exprimer. Les autres, bénéficiaires de l’équipement, ne se dérangent pas pour dire ce qu’ils en pensent.
Un jury tiré au sort ne présenterait pas les mêmes inconvénients. Ce jury pourrait-il avoir le dernier mot ? Personne n’y est prêt pour le moment mais cela peut constituer un jour une alternative au référendum.


Vers une campagne participative ?


Le dirigeant qui n’écoute que ses convictions est un doctrinaire, celui qui n’écoute que les enquêtes d’opinion est un démagogue, les autres sont des hommes ou des femmes politiques.
Par excellence, une campagne électorale doit être un moment de rencontre entre le pays et ses dirigeants et donc comporter des moments d’écoute. Cette écoute doit enrichir les propositions soumises aux électeurs.
Une campagne électorale aujourd’hui ne peut donc s’abstraire d’un dispositif participatif. Les outils technologiques sur le web (voir l’exemple du site de Bertrand Delanoë) peuvent se révéler précieux tout comme les forums et cafés politiques. Les conversations sur le marché, au comptoir du commerce ou dans les cages d’escalier ont également leur place.
Pour une démocratie vivante, faisons flèche de tous bois.

Cet article est également publié par Agoravox et LePost
le sujet sera abordé samedi 15 novembre dans l'atelier "outils de la démocratie participative" lors du séminaire de rentrée de la fédération du PS du Rhône


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vendredi 31 août 2007

Où il est question de péage urbain


Stockholm a opté pour le péage urbain. Après Londres, c’est la 2ème grande ville européenne à suivre cette voie.
La question se pose désormais pour la France. Allons-nous nous l’adopter à notre tour ? ou du moins, allons nous en parler, en débattre ? La réponse est qu’il suffit de le décider : elle est entre les mains des internautes, des bloggeurs ou des militants et élus…
Voici un aperçu des termes du débat…

préhistoire

Il faut d’abord noter que le sujet n’est pas vraiment neuf. Je me souviens l’avoir entendu citer par Gérard Collomb en 2001, alors qu’il était annoncé à Londres. C’est surtout et depuis longtemps un sujet d’intérêt pour beaucoup de spécialistes des déplacements comme Yves Crozet du laboratoire d’études des transports (LET). Récemment, dans le plan de protection de l’atmosphère (PPA), document qui établit une norme et certaines contraintes antipollution pour les grandes agglomérations, les fonctionnaires de l’Equipement ont proposé que cela soit mis à l’étude pour l’agglomération lyonnaise (mais pas à Paris). Une étude peut ne jamais aboutir mais il est sûr d’ores et déjà que le sujet va faire parler.

Swinging London

Avant d’aller plus loin, précisons les modalités et le but d’un péage urbain. L’idée, telle que mise en place à Londres, est de limiter l’accès en voiture de la « City », le quartier des affaires, pour en fluidifier le trafic. Cette idée est fille de la technologie : c’est faisable, faisons-le. Établir un péage avec une barrière type autoroute aurait semblé un anachronisme (voir l’Octroi en France), or les ingénieurs se sont rendus compte qu’avec quelques caméras bien placées, des logiciels qui reconnaissent les numéros d’immatriculation, le paiement par Internet, autant de technologies devenues banales, il était facile de mettre en œuvre ce système de barrière virtuelle avec péage réelle. L’hypothèse de départ, depuis vérifiée, était que les seuls utilisateurs ayant un intérêt économique à prendre leur véhicule le ferait en acquittant une taxe quotidienne de 8 €. La ressource dégagée devait, elle, permettre de remédier au sous investissement chronique des anglais dans leurs transports en commun (TC). Les cadres de la City y ont gagné de la fluidité dans leurs déplacements contre une somme modique (quand on est banquier à la City en tous cas), les employés et habitants plus modestes, une meilleure desserte en TC.

La morale de l’histoire est qu’une idée novatrice, plutôt osée même, peut parfois gagner. Le système non seulement fonctionne mais est aussi bien accepté par la population. Il a depuis été étendu. Il est vrai que c’est l’Angleterre et les anglais ne ressemblent pas plus aux français que Londres ne ressemble à Paris ou Lyon.

Le péage mis en place à Stockholm est assez différent car il vise à dissuader des trajets pendulaires et aux heures d’affluence.

Le modèle anglais : rejeté à droite

L’exemple londonien, malgré son efficacité et son acceptation par la population locale, suscite en France une désapprobation à peu près unanime.

Les usagers de la voiture (mais ne le sommes-nous pas tous plus ou moins ?) sont contre cette taxe « anti-voiture ». Derrière ce vocable « usagers de la voiture », il faut comprendre certains groupes de pression, qui via des associations, se manifestent auprès des élus à chaque mesure allant contre « leur » intérêt : réduction du nombre de places de stationnement sur la voirie, augmentation des tarifs des parkings, introduction de tramway, voies cyclable, etc. au détriment de la place de l’auto. Les premiers membres de ce groupe de pression sont d’ailleurs les élus de droite eux-mêmes. Pas de vraie logique idéologique là-dedans. Plutôt une paresse intellectuelle et le réflexe d’être contre les verts et les gauchistes et donc pour la voiture. Le schéma paraît simplificateur mais fonctionne à peu près sans exception. Perben en a donné une illustration, il y a quelques mois à Lyon, en attaquant publiquement le parc urbain des berges du Rhône, au prétexte qu’il supprime des places de stationnement au profit d’un espace de promenade. Voilà un positionnement politique qui se passe de commentaires.

Le modèle anglais : rejeté à gauche

La mesure est également attaquée à gauche car elle fonctionne sur une logique libérale. La voiture est réservée aux riches dans ce système. Sous des dehors pragmatique et au nom de l’efficacité, on confie la régulation au marché, sans mécanisme qui rétablisse l’équité sociale. Cela rappelle l’économie selon Blair même si cette mesure ne lui doit rien mais doit tout à son adversaire déclaré Ken Livingstone dit « le rouge ».

Parce qu’ils sont combattus à droite comme à gauche, il est assez confortable d’être contre les péages urbains, en précisant que d’ailleurs « ça ne pourrait pas marcher en France ».

Reste que cela revient à se priver d’un outil efficace contre la pollution et les encombrements. C’est pourquoi il me paraît préférable de chercher à lever certaines objections au modèle anglais plutôt que de le rejeter en bloc.

Quel modèle de péage à la française

Des élus socialistes de différentes communes de l’agglomération lyonnaise s’étaient réunis il y a quelques temps pour s’interroger sur la mise en étude d’un péage urbain sur leur territoire.

Les élus du centre ville tout comme ceux de la banlieue, se sont inquiétés d’une mesure peu favorable aux couches populaires de leur territoire. Tout renchérissement des déplacements peut s’assimiler à une assignation à résidence. Le périmètre envisagé pour une étude du péage urbain dans le cadre du PPA est celui du centre de l’agglomération, Lyon-Villeurbanne. Avant même de démarrer l’étude, l’exclusion des banlieues semble validée. Ce qui se comprend dans une logique de lutte contre la pollution – réduire la circulation là où elle est la plus dense - mais fait peu de cas de son impact social.

Le groupe socialiste du grand Lyon a donc préconisé de réfléchir à plusieurs périmètres possibles : hyper centre ou aire urbaine, d’étudier le prix de la taxe ou vignette en fonction de critères sociaux comme le revenu, ou environnementaux comme le niveau de pollution dégagé par le véhicule.

Pourquoi ne pas imaginer également une vignette d’agglomération dont le prix serait modulable selon le nombre d’utilisations mensuelles de la voiture, de façon à encourager ceux qui limitent l’usage de leurs voiture, à l’exemple de ce qui se fait pour les abonnements de parkings.

Quelle faisabilité ?

Essayer de cumuler les effets incitatifs, les critères de différentes natures, est un jeu intellectuel assez stimulant mais risque de se révéler vain. Quel politique prendrait le risque d’annoncer une mesure qui, quelle que soit la mise en œuvre, est assimilable à un nouvel impôt ?

C’est là que l’exemple récent de Stockholm devient très intéressant. La mesure a été adoptée d’abord à titre expérimental. Les sociaux démocrates ont d’ailleurs perdu les élections juste après. Sauf que la population d’abord majoritairement hostile a depuis changé d’avis. C’est ceux même qui ont fait campagne contre le péage qui se trouvent au pouvoir aujourd’hui et qui font passer le projet de la phase expérimentale à la phase définitive car c’est désormais une demande de leurs électeurs.

Tout concilier

Voici quelques objectifs que nous pourrions nous donner pour que l’idée d’un péage urbain à la lyonnaise fasse son chemin. Si aucun candidat ne se risque à annoncer un projet de péage urbain pour le prochain mandat, ce n’est pas un risque électoral déraisonnable d’annoncer un débat sur le sujet. Voila un bel exercice de démocratie participative en perspective. Il pourrait se conclure soit par un référendum local, sur le projet lui-même, soit par un vote pour choisir entre plusieurs scénarios, intégrants des critères et des tarifs différents. Une période d’essai, tout comme à Stockholm, pourrait être prévue et le choix définitif se ferait à l’occasion de la campagne municipale suivante, dans six ans.

Rien de possible sans le président

Cela laisserait également le temps au gouvernement de se décider à inscrire une loi sur le sujet à l’ordre du jour de l’assemblée. En effet dans notre pays centralisé, ce type de mesure n’est pas laissé à l’initiative locale et nécessite l’aval du sommet de l’Etat.

Pour qu’un président de droite accepte de rendre possible une idée à laquelle la majorité des élus locaux de droite est hostile, il faudrait un petit miracle. Encore que… Nicolas Sarkozy excelle dans l’art du contre-pied. Il pourrait choisir d’avancer sur cette question pour peu que l’idée ait l’air d’être de lui…Article également publié par AgoraVox.


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jeudi 30 août 2007

Commencement


« Pour faire de la politique, il faut (faudrait ?) avoir au moins un message, une idée, une conviction à partager.
Pour faire un blog, c'est pareil. »


Prétention et ambition
Cette petite phrase se trouve en bonne place sur ce nouveau blog. Il y a des façons plus modestes d’annoncer la couleur. Elle est effectivement à comprendre comme la déclaration d’une prétention et d’une ambition.
La prétention d’avoir quelque chose à dire et l’ambition d’y parvenir. Il est peu probable qu’un parcours politique puisse se faire sans ces moteurs. Plutôt que de parler de mon cas, je me risque à faire quelques généralités et donc un peu de philosophie politique.

Altruisme et opportunisme
Quelle est la bonne motivation de l’engagement ? Il s’agit de trouver le juste équilibre entre ambition collective et ambition personnelle.
L’ambition collective, c’est participer à un projet, tenter de rendre la société un peu meilleure autour de soi. Cela demande de l’humilité et de la patience car en général les progrès ne crèvent pas les yeux. C’est vrai pour le militant de base mais ça l’est aussi pour le président de la république. Chacun est confronté à la difficulté d’avoir véritablement prise sur les évènements. Cela veut dire aussi s’effacer à l’occasion pour servir l’intérêt général et demande donc une attitude désintéressée à l’occasion.
L’ambition personnelle, c’est moins utile d’expliquer ce que c’est. On peut toutefois nuancer, la qualifier de vanité, insister sur la satisfaction de l’égo, ou avoir un regard plus positif et parler d’accomplissement personnel, de dépassement de soi…
Désintéressement et ambition personnelle : il faut ces deux jambes pour avancer droit. Sans le moteur de l’ambition, est-il possible de subir avanies et rebuffades, déceptions et désillusions qui ponctuent tous les parcours politiques ?
Sans le désintéressement, l’homme ou la femme politique se retrouve dans le costume de l’opportuniste. Suivant la formule, il ou elle se sert au lieu de servir.

Un blog : pour quoi faire ?
Dire quelque chose, bien sûr.
Une fois affichées les intentions, reste la question du comment. Faire un blog aujourd’hui est très largement un exercice de narcissisme et de nombrilisme, où chacun se regarde dans le miroir de la modernité web. Il faut sans doute nuancer ce propos puisque la communauté des bloggeurs s’interroge régulièrement pour savoir si les blogs ne seraient pas morts (voir notamment Versac). La modernité passera peut être sous peu par d’autres chemins.
Concernant les politiques, l’exercice est assez différent de celui auquel se livrent les ados sur skyblog. Il s’agit à mon avis plus d’un passage obligé que d’un petit plaisir. Avec la mise à disposition d’un outil de communication aussi performant (ouvert à chacun, personnalisable, actualisable, sans limite de taille des contenus…), celui ou celle qui ne s’en saisit pas risque à terme d’en subir le handicap.

École de modestie
Pour autant, le ou la politique devant son blog se retrouve confronté à la même difficulté que l’ado de skyblog. Le blog n’est pas un journal intime comme on l’expliquait improprement aux néophytes il ya quelques temps. C’est même tout son contraire. Que vais-je dire au monde qui ne me connaît pas ? Sur quelle facette de moi vais-je communiquer ? Faut-il aller vers l’intime ou seulement s’en tenir aux idées ? Et d’ailleurs qui suis-je exactement et cela correspond-il à ce qu’en voit mon semblable ?
Le blog est donc un outil de prospection existentielle qu’on le veuille ou non. On en dit toujours plus sur soi que l’on s’imagine.
Et si on ne souhaite pas faire de soi un sujet, il est nécessaire pourtant d’en écrire quelques lignes.

Blogosphère socialiste de Lyon
Donc voilà, le blog est un passage obligé et cela commence à se savoir. C’est surtout du coté des militants que les vocations sont nombreuses car ils ont plus à prouver. Ceux que j’ai identifiés sont dans ma liste de liens et ceux qui n’y sont pas peuvent me le faire savoir.
D’ores et déjà, quelques bloggeurs se sont fait une place en vue : A coté des pionniers Karim Aou ou Gilles Pommateau, Najat Belkacem et Jean-Yves Sécheresse se distinguent par la qualité de la ligne éditoriale et le nombre de réactions qu’ils suscitent. D’autres font encore leurs classes, comme moi-même.

Ligne éditoriale
Concernant ce blog-ci, quelques mots : il est (sera) question de la ville, de Lyon et du Grand Lyon : tout ce qui est urbain
- des médias, du web, du design : tout ce qui communique
- des institutions, constitution, décentralisation, participation : tout ce qui fait la démocratie
- des gens, l'actualité, la société, la culture...
Quelques textes écrits pour d’autres supports mais correspondant au sujet jouent le rôle d’amorces du dispositif.

Prochain billet : les péages urbains.

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dimanche 15 avril 2007

BD et politique

Pour la politique ça ne va pas fort. Elle n'est pas populaire. On lui reproche d'être complexe, aride, codée, trompeuse, ennuyeuse, décevante, inefficace… les hommes politiques sont encore plus mal lotis : ambitieux, arrivistes, menteurs, pourris… Tous les lieux communs qui trainent sur la politique la desservent. Soudain, une petite lueur apparait. Les élections présidentielles sont perçues par chacun comme un rendez-vous incontournable, avec du suspense, des candidatures contrastées, de vrais enjeux … l'intérêt semble renaitre pour la politique et elle s'infiltre là où on ne la voyait pas auparavant. C'est le moment d'en profiter et de sortir de ses modes de diffusion habituels.

Pour la bédé, tout va bien. Sans faire de bruit, elle s'est glissée en tête des ventes de livres. La presse ne parle pas d'elle mais elle se vend quand même, avec ses libraires spécialisés, ses réseaux, ses fans, ses blogs. Elle est prête à faire des incursions hors des sentiers battus - l'aventure exotique, historique ou fantastique - pour investir des sujets réputés trop sérieux pour elle. Mieux, elle peut envisager d'intéresser à la politique les populations qui en sont le plus éloignées et qui lisent des bédés, en particulier les jeunes.


Ce rapprochement inattendu a produit ces derniers mois quelques ouvrages qui méritent qu'on s'y attarde. En voici une revue non exhaustive.

"La face karchée de Sarkozy" : en tête des ventes
La face karchée de Sarkozy est le best seller incontestable. Edité en novembre et déjà vendu, d'après l'éditeur, à près de 200.000 exemplaires. Il s'agit d'un genre original puisque mêlant le journalisme d'investigation et la caricature dans l'esprit de Charlie Hebdo. Documenté et méticuleux sur le fond, féroce et polémique sur la forme, le livre a mis en lumière un véritable phénomène sociologique : la détestation et le rejet que suscite Nicolas Sarkozy. Sur cette vague, les auteurs s'apprêtent à publier une suite le 15 mai. On imagine que la fin a été écrite en deux versions.

"Élysée République - secret présidentiel" : Largo président

Ce premier tome d'une série, lancée à grand renfort de marketing par Casterman avec par exemple le blog du personnage principal, explore une recette là aussi inédite. Les auteurs nous montrent l'Élysée et le parlement avec une précision très documentée. Ils en profitent pour glisser quelques éléments de programme : leur candidat idéal à la présidence se dit « ni de droite, ni de gauche » (Bayrou n'avait pas encore percé au moment de la conception du projet), il préconise la dépénalisation de la prostitution et la protection des prostituées car « si on commence par les plus déconsidérés de la société, ça prouve qu'on oubliera personne en chemin ». Face à lui, un président cynique et prêt au meurtre. Le qualificatif de bédé réaliste est usurpé et ne désigne que le dessin. Le résultat évoque irrésistiblement Largo Winch, pour le dessin et le scenario, mais en moins bien, moins efficace, moins crédible, en admettant que cela soit possible. Finalement les auteurs n'ont pas cru qu'ils pourraient capter leur lecteur par la seule matière de la réalité politique d'aujourd'hui. En introduisant le thriller à l'américaine à leur recette,
ils se sont disqualifiés pour traiter leur sujet au fond.


"Vive la politique!" : le patchwork

Les auteurs de bd ne s'intéressent guère à la politique et quand un grand éditeur (Dargaud) les met à contribution, l'inspiration n'est pas toujours au rendez-vous. Comme se sont dérangés notamment des gens comme Binet, Veyron, Mandryka, Brétecher pour la vieille garde et Riad Sattouf, Diego Aranega ou Frantico pour les petits nouveaux, le résultat est tout à fait honorable. Il reste qu'ils sont peu à l'aise avec leur sujet. D'ailleurs quel est le sujet ? Est-ce les hommes politiques et leurs mœurs qu'il faut croquer ? Est-ce la politique et l'engagement qu'il faut défendre ? Une bd politique c'est raconter des histoires ou faire passer des idées ?


"Dol" : l'alter bédé

Philippe Squarzoni a choisi lui de raconter les grandes idées et l'Histoire récente plutôt que la petite histoire. Le dessin évoque Manara (période HP et Giuseppe Bergman) et l'album décrit les mutations de la France à l'heure de la mondialisation et des gouvernements du dernier quinquennat, de Raffarin à Villepin. Le message est militant. Incisif et graphiquement inventif, il illustre son propos de pubs de référence à star war ou à Chaplin. Il ne peut éviter pourtant de longs tunnels :
la retranscription des interviews de membres d'Attac, où l'on ne voit pas bien la valeur ajoutée du dessin. Le propos d'extrême gauche séduira les partisans de Bové ou Besancenot. Les autres le trouveront indigeste.


"Ségo, François, Papa et moi" : la bédé socialiste 100% pur jus


L'auteur, Olivier Faure, est le directeur de cabinet adjoint de François Hollande. Il raconte la période comprise entre la victoire du Non au référendum et la désignation de Ségolène Royal à la candidature au sein du PS. Comme avec Dol, il s'agit d'un épais pavé en noir et blanc, mais publié chez Hachette dans la même collection que Olislaeger et Cattan « un autre monde est possible ».

Si le dessin est bien moins affuté que chez Squarzoni, le résultat est honorable et efficace. L'histoire qui se déroule sous nos yeux a été vécue de l'intérieur. Pas de révélation ou de scoop, mais pas de précautions de langage excessives non plus, comme la profession de l'auteur aurait pu nous le faire craindre. C'est donc du reportage, bien rythmé, comme si une caméra avait été dans les bureaux fermés où se jouait une grande partie d'échecs. Le problème vient cette fois encore de la définition du sujet. En montrant le quotidien et les préoccupations de quelques ténors socialistes pendant plus d'un an, on se surprend à penser que la tactique politique occupe décidément beaucoup de place dans leurs pensées. Faure sait rendre la politique politicienne intéressante à décrypter, mais ce n'est que de la politique politicienne. Et est-ce cela la « vraie » politique ?


Le sujet « politique » est donc loin d'être épuisé par cette incursion de la bédé sur ses terres. Chacun des protagonistes présentés dans cet article a tourné autour mais aucun n'a réussi à l'envelopper tout en gardant la pertinence du mode narratif particulier à la bédé. Patience, nous continuons à surveiller les parutions.

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samedi 31 mars 2007

Gare du Nord

Que s’est-il passé au juste ? A qui profite cette affaire ? la question a été posée dans la presse, comme par exemple Libé hier, mais la réponse n’est pas si aisée.
Pour certains, le perdant serait Bayrou qui n’est pas positionné sur la sécurité. Soit.
Pour Philippe, ce matin au café avant le tractage, tout ce qui a trait à l’insécurité fait mécaniquement monter la droite (cf. 2002).
Il est vrai que de multiples interprétations sont possibles :

- symptôme de la tension extrême entre les jeunes des banlieues et policiers ;
- problème de la formation des policiers, contrôleurs ;
- provocations orchestrées mystérieusement (mais par qui ?) ;
Dans tous les cas, il s’agit d’un problème d’ordre public qui relève de la responsabilité du ministre de l’Intérieur et qui devrait inciter Nicolas Sarkozy à de la modestie. Cela s’est passé au lendemain de sa démission et c’est dommage que cela ne soit pas l’inverse. Qu’il quitte ses fonctions juste après cette affaire aurait donné l’impression d’une démission pour cause d’échec avéré.
La logique de la sanction du responsable politique n’est malheureusement pas certaine.
Nous avons tous, selon Watzlawick, face à un problème, la mauvaise habitude de proposer une solution déjà essayée, même si elle a montré son inefficacité. Si la solution ne marche pas, nous augmentons les doses. Les antibiotiques ne guérissent pas la grippe, augmentons les doses. Un enfant est insolent même après une gifle, donnons lui en deux. Sarkozy ministre de l’intérieur est incapable d’empêcher les violences urbaines, faisons le président. Il faut donc PLUS de la MÊME chose, jusqu’à écoeurement.
Convaincre les électeurs de la nécessité du changement de méthode, c’est parier sur leur intelligence. Sarkozy parie sur leur bêtise en argumentant sur le thème : Ségolène Royal est pour les resquilleurs, pour les voyous. Son cynisme est impressionnant.

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