samedi 31 mars 2007

Gare du Nord

Que s’est-il passé au juste ? A qui profite cette affaire ? la question a été posée dans la presse, comme par exemple Libé hier, mais la réponse n’est pas si aisée.
Pour certains, le perdant serait Bayrou qui n’est pas positionné sur la sécurité. Soit.
Pour Philippe, ce matin au café avant le tractage, tout ce qui a trait à l’insécurité fait mécaniquement monter la droite (cf. 2002).
Il est vrai que de multiples interprétations sont possibles :

- symptôme de la tension extrême entre les jeunes des banlieues et policiers ;
- problème de la formation des policiers, contrôleurs ;
- provocations orchestrées mystérieusement (mais par qui ?) ;
Dans tous les cas, il s’agit d’un problème d’ordre public qui relève de la responsabilité du ministre de l’Intérieur et qui devrait inciter Nicolas Sarkozy à de la modestie. Cela s’est passé au lendemain de sa démission et c’est dommage que cela ne soit pas l’inverse. Qu’il quitte ses fonctions juste après cette affaire aurait donné l’impression d’une démission pour cause d’échec avéré.
La logique de la sanction du responsable politique n’est malheureusement pas certaine.
Nous avons tous, selon Watzlawick, face à un problème, la mauvaise habitude de proposer une solution déjà essayée, même si elle a montré son inefficacité. Si la solution ne marche pas, nous augmentons les doses. Les antibiotiques ne guérissent pas la grippe, augmentons les doses. Un enfant est insolent même après une gifle, donnons lui en deux. Sarkozy ministre de l’intérieur est incapable d’empêcher les violences urbaines, faisons le président. Il faut donc PLUS de la MÊME chose, jusqu’à écoeurement.
Convaincre les électeurs de la nécessité du changement de méthode, c’est parier sur leur intelligence. Sarkozy parie sur leur bêtise en argumentant sur le thème : Ségolène Royal est pour les resquilleurs, pour les voyous. Son cynisme est impressionnant.

Read more!

jeudi 15 mars 2007

Pourquoi Bayrou ? (1/2)

Comment expliquer la montée de Bayrou… et quels sont les bons arguments à opposer à ceux - collègues, amis, membres de votre famille - qui s’orientent vers ce vote ?
Choisissez à votre gré parmi ces éléments d’explication et de démystification.

L’élément de surprise
La montée de Bayrou dans les sondages est en particulier une divine surprise pour les journalistes qui ne voyaient plus de suspense au premier tour avec un duel Sarkozy/Royal annoncé depuis trop longtemps. Pas encore élus, ceux-ci sont-ils déjà usés !?
De même que Ségolène Royal au moment de sa désignation en interne du PS, Bayrou est l’élément inattendu qui perturbe les scénarios pré-écrits. Et qui n’aime pas les surprises ?

L’envie de changement
Le fameux thème de la rupture a été lancé par Nicolas Sarkozy mais est incarné peu ou prou par chacun des candidats :
Rupture avec une façon traditionnelle de faire de la politique pour l’une rupture par le néo-libéralisme pour l’autre, rupture avec la tradition démocratique française dans le pire des scénarios, celui de Le Pen.
Bayrou a choisi, lui, le thème de la rupture avec le fameux axe droite gauche qui structure la vie politique. Il serait possible d’en sortir si « tous les gens compétents et de bonne volonté voulait bien se donner la main ». il propose donc un gouvernement au centre en prenant des ingrédients et des acteurs des 2 côtés de l’échiquier.

Le vote contestataire
Ce n’est pas le moindre de ses exploits de faire figure d’empêcheur de tourner en rond, d’élément perturbateur, anti establishment. Sa révolte la plus fameuse a été contre le JT de TF1 qui ne lui laissait pas assez de place pour s’exprimer. Il peut depuis cette rébellion se poser en porte parole de ceux qui n’ont pas voix au chapitre. Rappelons que cet exclu du système est élu depuis vingt cinq ans.

Le vote rassurant
Le désir d’inattendu, de changement et de contestation reviennent très souvent dans les motivations des électeurs mais se conjuguent avec une autre, diamétralement opposée : le besoin d’être rassuré et, justement, Bayrou rassure.
Il a été ministre à plusieurs reprises, il est à la tête d’un parti bien implanté, qui compte de nombreux élus. Bref ce n’est pas un aventurier surgi de nulle part. Il se démarque à la fois de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sur ce point aussi. Nicolas Sarkozy peut inquiéter à droite ceux qui redoutent son caractère emporté ou agité. Malgré un CV comparable à celui de Bayrou, Ségolène Royal se voit encore reproché sa soi-disant inexpérience. Contrairement à Chevènement en 2002 qui était isolé ou Le Pen qui était et est toujours perçu comme dangereux, Bayrou a un parcours sécurisant puisque tout à fait conforme à la classe politique moyenne. Finalement, entre les 4 principaux candidats, on peut même dire que c’est le plus lisse, le plus consensuel, le plus banal.

Conclusion provisoire : Bayrou ou le vote paradoxal
Bayrou gagne sur l’envie de changement comme sur l’envie que rien ne change. La question qui se pose ensuite est de savoir ce que veulent vraiment les électeurs entre ces aspirations contradictoires ? le changement ou le statu quo ?
Faites une expérience : confrontez un jeune enfant à un choix. Que se passe-t-il ? Il se tortille un petit peu et finit par répondre « je préfère les deux ». Comme les électeurs ne sont pas des enfants et ne doivent pas se comporter comme tels, il faudrait que chacun se décide sur ce point. Mais il faut également pour se prononcer, essayer de savoir ce que ferait Bayrou une fois en situation.


Read more!

Pourquoi Bayrou ? (2/2)

Comment expliquer la montée de Bayrou… et quels sont les bons arguments à opposer à ceux - collègues, amis, membres de votre famille - qui s’orientent vers ce vote ?
Choisissez à votre gré parmi ces éléments d’anticipation et de réfutation.

Que ferait Bayrou s’il était élu ?
La question « Bayrou incarnerait-il le changement ou la continuité ? » relève un peu - il est vrai - de la politique fiction.
Trois éléments peuvent nous éclairer pour cela, avec une inégale fiabilité : 1/ son programme, 2/ ses alliés, 3/ son parcours.

1/ Le programme de l’UDF existe (si un peu quand même). Je relèverai surtout un point: celui des institutions, c’est-à-dire le cadre et les moyens grâce auxquels va s’exercer son action s’il est élu. Des 3 candidats principaux, il est le seul à se prononcer officiellement pour une VIème république. Elle comporterait essentiellement l’introduction de la responsabilité du président devant un parlement aux pouvoirs renforcés. Ce changement serait certes fondamental du point de vue du droit constitutionnel mais à peu près imperceptible de celui du citoyen ordinaire qui ignore qu’aujourd’hui, c’est le premier ministre qui est responsable devant le parlement. D’autres changements sont évoqués - rôle du parlement, non cumul des mandats, etc. - qui sont plus consensuels que révolutionnaires et figurent d’ailleurs dans le programme du PS.
Pour le reste, empruntant tant à la gauche qu’à la droite, il compte trouver un juste équilibre qui n’est pas sans rappeler celui professé par Chirac, alliant discours social (la fracture sociale), écologiste (la maison qui brûle) et pratiques empruntées à d’autre courants de pensée marqués à droite (CPE).

2/ Pour ce qui est de ses alliés, il est difficile d’être très précis. On connaît ceux d’aujourd’hui, sa garde rapprochée, l’UDF et ses notables locaux, conseillers généraux et sénateurs. Qu’en serait-il demain ? Bayrou en appelle à un rassemblement difficile à imaginer, mais après tout, les recompositions sont toujours possibles. Il existe toujours des gens pour voler au secours de la victoire, des ralliements opportunistes, des alliés de la 25ème heure. Que ces forces là soient à même de conduire une « révolution civique », il est permis d’en douter mais il serait injuste de l’exclure.

3/ Enfin, dernier élément d’appréciation, le parcours de François Bayrou. En tant que parlementaire, il a voté la plupart des lois, plus ou moins marquées idéologiquement que les gouvernements de droite soumettaient. Il a été aussi ministre et a donc un bilan plus personnel de son action que l’appartenance à une majorité. Dans sa fonction la plus remarquable, ministre de l’éducation, il n’a pas laissé de mauvais souvenirs. A part lors d’une tentative de réforme de la loi Falloux (l’affectation des moyens entre établissements publics et privés) les enseignants ne sont pas descendus dans la rue, pas plus que les élèves ou les étudiants. Il n’a pas non plus laissé beaucoup de traces dans les mémoires. Il a été consensuel et diplomate. Il n’a rien réglé mais n’a rien aggravé.

Conclusion provisoire
Le tableau est bien sûr sommaire mais l’analyse appelle un premier constat. Dans son programme, ses alliés ou son parcours, rien ne semble destiner François Bayrou à être l’homme du changement. On peut même penser sérieusement que tout : le paysage politique comme la place qu’il y occupe depuis longtemps ; tout le prédestine à l’immobilisme.

Les argumentaires socialistes insiste ces derniers temps sur le fait que Bayrou est un homme de droite. Cela ne me paraît pas suffisant. Son électorat est justement intéressé par le subtil mélange droite/gauche qu’il prétend opérer. Un homme de droite avec un premier ministre de gauche est idéalement placé pour cela. L’argument ne le dessert donc pas, bien au contraire.
Le point faible de Bayrou n’est pas d’être de droite mais d’être un conservateur. Il est dans la pire position qu’il soit pour instaurer la réforme qu’il est censé incarner, celle du juste milieu, du marais, du ventre mou.

épilogue
« Il faut que tout change pour que rien ne change » cette formule est celle du « guépard » de Lampedusa. La révolution gronde à Palerme et Garibaldi approche. Finalement le roi de Naples est remplacé par celui de Piémont, les filles de parvenus épousent les fils de familles… Tout est apparemment bouleversé mais tout reste pareil… et la vieille aristocratie garde la mainmise sur la Sicile.


Read more!

jeudi 8 mars 2007

Campagne 2007 mode d’emploi

Si on demandait à un « ancien » militant : « comment fait-on campagne ? » Il répondrait très probablement : tracts et affiches, marchés et boite aux lettres. La recette n’a guère changé depuis des décennies.

Les « nouveaux » militants, ceux qui sont arrivés depuis la campagne d’adhésion de 2006, ont parfois quelques réticences à se conformer à ce modèle. Soit ils hésitent à s’afficher militant dans un lieu public, soit ils craignent de ne pas être assez rodés pour les confrontations et les polémiques. Ils sont souvent plus à l’aise sur Internet car c’est par cette porte qu’ils sont arrivés au PS.

Une fois posées ces différences entre anciens et nouveaux (un peu caricaturales et forcement réductrices) reste la question de mettre en commun pratiques et savoir-faire afin d’être, ensemble, le plus efficace possible dans cette campagne.

L’Internet est par définition un champs où nous sommes tous de « nouveaux militants ». Jamais encore une campagne de cette ampleur ne s’y est déroulée. Nous sommes déjà 60 000 à avoir répondu à l’appel lancé sur les sites du PS et à être devenu e-militants Mais les besoins sont infinis. On savait que chaque article, chaque émission de télé contribue à fabriquer l’opinion. Désormais il faut aussi compter avec les journaux en ligne, les blogs et tous les commentaires qui s’y rattachent. C’est pourquoi si vous avez l’habitude d’aller sur Internet, ne restez pas spectateurs. En lisant la presse nationale ou locale en ligne, prenez toujours quelques minutes pour insérer un commentaire afin de dénoncer un cliché, une approximation, une contre-vérité. Ou encore, créer votre propre blog comme le site les jeunes pour Ségolène (entre autres) le propose.

Dans le camps d’en face, une impressionnante machinerie s’est montée. Intoxications et manipulations ont déjà eu lieu, d’autres sont prévisibles. Si la partie s’annonce serrée, nous avons toutes nos chances et devons continuer à occuper ce terrain, sans oublier le respect de la Nethique (éthique sur internet).

Cela suffit-il à faire une campagne ?

Non bien sûr. La présence des socialistes sur le terrain ne doit pas être seulement virtuelle. La campagne se jouera aussi dans les cages d’escalier, sur les marchés (ou devant les supermarchés). Pour gagner une voix à notre cause, il est une condition toujours nécessaire et parfois suffisante : établir un dialogue. Derrière l’écran ou en face à face, gardons cet objectif.


Read more!