vendredi 28 septembre 2007

Facebook, c'est parti !

Facebook, on en entend parler depuis un moment même si on est beaucoup à pas avoir encore compris de quoi il s'agit (1). Alors quoi de neuf ?
Et bien l'arrivée imminente des politiques. Les pauvres ont eu du mal à se mettre au blog et déjà il leur faut courir derrière un nouveau train.
Si le Figaro en parle ici, c'est que le phénomène commence à prendre quelque ampleur. Et peut-être aussi est-ce une façon de signaler aux élus de droite qu'ils sont déjà à la traine. La preuve : le Figaro a été obligé d'interviewer Anne Hidalgo plutôt que Françoise de Panafieu. En revanche, sur l'intérêt de l'outil, Anne Hidalgo est encore peu convaincante. Il est vrai qu'elle n'a pas des centaines de milliers "d'amis" comme Hilary Clinton avec qui lancer des pétitions, organiser des manifestations ou simplement diffuser ses messages en un clic. Ma pratique étant pour le moins embryonnaire, j'aurais à revenir sur le sujet pour infirmer ou confirmer l'intuition de Valério Motta : le phénomène Internet municipales de 2008 pourraient bien être les “élections facebook”, comme on a parlé de “présidentielle Dailymotion”.


(1) Voici une petite revue de web sur le sujet. On y apprend qu'il s'agit d'un réseau social (wickipédia), avec un trombinoscope façon copains d'avant et partage de vidéo (le Monde) mais surtout une façon performante de mettre en contact les utilisateurs (internetactu). On a beaucoup entendu parler des débats sur la vie privée (Libé et 20 mn) ou sur la valorisation à 10 Milliards de $ de ce nouveau géant des TIC (trends ou le Point). Plus pragmatique, ce blog marketing vous donne quinze usages professionnels de Facebook et celui-ci les usages politiques. D'autres articles ici. Il ne reste plus qu'à aller voir sur place.

Read more!

mercredi 26 septembre 2007

Nouveau : un square près de la mairie de Lyon 6ème !



Voici le nouveau jardin public de Lyon 6ème : le square de la mairie. Il s'agit bien sûr d'une vue de l'esprit ; pour le moment. Comme la photo l'indique, cet espace est encore un parking, mais il n'a pas vocation à le rester éternellement. Les raisons ne manquent pas de transformer les parkings en jardins ; examinons-en deux :

1/ Trouver de nouveaux espaces verts

Il y a un consensus des habitants sur ce point et un vrai besoin. Les parcs et jardins sont peu nombreux et ils débordent. Comme l'espace est rare et cher en ville, on peine à trouver des solutions. Sauf à détruire des ilots entiers pour les transformer en jardin (mais on est en pleine crise du logement), les réponses ne pourront être que bricolées et partielles. Du moins ne nous privons pas d'en inventer. Ce site de la mairie du 6ème est parfait : il est très calme car entouré d'immeubles, déjà arboré et d'une taille très honorable (2500 m2). Les aménagements sont minimes et le coût aussi : pas d'expropriation à faire puisque c'est la ville qui est propriétaire.


2/ Sortir les voitures de la ville
A l'heure du Grenelle de l'Environnement, un consensus national est recherché sur des mesures limitant nos rejets de CO2 : taxe carbone, limitation de vitesse, péages urbains, etc (à ce propos, prenez connaissance des préconisations de la FNAUT). Des solutions peuvent être mises en oeuvre au niveau local également en supprimant des parkings et donc en restreignant l'usage de la voiture.
L'inconvénient de ce projet est qu'il est mal perçu par l'usager auquel on supprime l'accès à un service. Il faut donc impérativement qu'il existe une alternative de transports en commun performante - dans ce cas-ci, il y a le métro à deux pas - et qu'une compensation soit étudiée pour ceux auxquels un avantage est retiré (par exemple une participation à un abonnement TCL).
Ce parking est actuellement utilisé par les élus du Conseil d'arrondissement, les services de la ville et des employés municipaux. On peut imaginer que la plupart d'entre eux se rallieront à ces arguments.

Read more!

vendredi 21 septembre 2007

Vive la tour de béton !


C'est une image de concours d’architecture. Concours gagné en juin 2005(1) par les architectes Rousselle et Laisné. C'est donc une tour, de béton et, à mon avis, un parfait exemple à suivre pour construire la ville de demain.
Comme les tours de bétons n'ont pas toujours la cote, cela mérite quelques explications.

Une architecture inventive

Tout d’abord, vive l’architecture inventive : Cette tour est constituée d’une série de dalles béton dont aucune n’est exactement superposée à celle qui est en dessous. D’où cette allure de millefeuille chahuté, en rupture avec les monolithes de verre auxquels sont associées les tours habituellement.


Les terrasses omniprésentes

Vive les terrasses : Un des inconvénients majeurs de l’appartement par rapport à la maison individuelle tient dans l’obligation de vivre à l’intérieur. Or les habitants des villes ont de plus en plus envie d’être à l’air libre. Pour répondre à cette demande il faut 1/ créer de nouveaux parcs urbains (mais l’exercice a des limites car l’espace est rare et cher en ville), 2/ encourager les terrasses dans les immeubles neufs. Je parle de vraie terrasse où l’on puisse diner, recevoir, bronzer, etc. et non de couloirs-balcons. Il faut noter que la réglementation actuelle n’encourage aucunement les terrasses car le m2 de terrasse n’est pas distingué du m2 « habitable » dans les droits à construire.
Dernière remarque sur les terrasses du projet : elles semblent avoir chacune une certaine intimité, ce qui est possible en ne répétant pas la même forme d’un étage à l’autre et grâce à des différences d’orientation.


Bienfaits de la densité

Vive la densité : Le mot fait peur car il donne le sentiment que les habitants vont « se marcher dessus ». La réalité est autre. En fait ils vont « vivre les uns sur les autres » et c’est pour cela qu’ils auront de l’espace. L’espace au sol est restreint mais l’espace en hauteur est sous utilisé dans nos villes. Pour s’étaler, il faut choisir la verticale.
C’est parce que la ville aura choisi de se développer vers le haut qu’elle pourra retrouver de l’espace au sol pour des parcs et espaces de loisirs.


La vue imprenable

En insérant une tour dans un bâti plus traditionnel, on permet aux occupants de bénéficier de points de vue. L’espace parfois restreint d’un appartement ne se vit pas de la même façon si la vue donne sur les Alpes ou sur l’arrière cour.


Un urbanisme écologique


J’ignore si le projet en question est HQE. J’avoue que ça ne me paraît pas être le plus important. Plus que les quelques kilowatts économisés en fonction de l’isolation, c’est d’abord le mode de vie induit par une construction qu’il faut prendre en compte.
Prenez une habitation individuelle à la périphérie de la ville, même si l’architecte en a fait une « maison passive », elle implique par sa localisation que ses habitants auront un usage quotidien d’une ou deux voitures. En effet, dans la 2ème ou 3ème couronne des agglomérations, les transports en commun sont peu performants car l’habitat est disséminé, les emplois sont également loin des habitations, tout comme les lieux de loisir ou les commerces. La première condition pour qu’un habitat soit écologique est donc qu’il soit situé en ville - on en revient à la densité - permettant à ses occupants de se passer de voiture pour les principaux besoins de mobilité : travail, services, commerces…


Éloge de la mixité


L’urbanisme écologique implique aussi la non spécialisation des quartiers. Qui dit « quartier de bureau », dit aussi « déplacements » et qui dit « quartier dortoir » dit « déplacements » également. De plus l’espace est gaspillé puisqu’il n’est utilisé que la moitié du temps.
La tour de Roussel et Laisné est prévue pour un usage mixte de logements, bureaux et activités. Dans une ville vraiment bien faite (on peut rêver) chacun peut aller travailler à pied ou en vélo car les fonctions logement et emploi sont entremêlées.



Réhabiliter les tours


Les tours des années 60 ont été instituées en symbole des méfaits de la modernité. Je me souviens même qu’une étude avait établi que la criminalité dans les banlieues augmentait en exacte proportion du nombre d’étages. Ces préjugés ont la vie dure. Il suffit pourtant de regarder hors de France pour constater qu’un habitat en tour peut être de qualité, voir de grand luxe comme les immeubles près de Central Park à New York. Plus modeste et plus près de nous, la ville de Sète comporte quelques tours d’habitation de 15 ou 20 étages, disséminées le long des canaux. Leur architecture des années 60 est médiocre mais leurs silhouettes élancées s’intègrent plutôt bien au bâti traditionnel.


Affaire à suivre


Il y a quelques mois, un débat très parisien avait opposé partisans et adversaires des tours. Il semble que ces derniers ont gagné la première manche. Le reste de la France, lui, a assisté au match de loin et ne s’est pas senti concerné. Après tout, « la place ne manque pas chez nous » semblent penser les provinciaux.
Eh bien si justement ! la place manque dans nos têtes pour que ce type de projets se développe et nous propose un autre mode de vie.

Cet article est publié et débattu sur Naturavox

(1) Ce n'est donc pas une actualité brulante mais je suis tombé dessus à l'occasion du congrès des HLM qui se tenait à Lyon cette semaine. L'avantage de la découvrir si tard, c'est que ça nous rapproche de la date de livraison (il faudra un jour que je fasse une petite enquête sur les délais parfois extravagants qui existent entre le lancement d'un projet et sa réalisation).



Read more!

mercredi 19 septembre 2007

Obésité des enfants, que fait le parlement ?


Quelques chiffres édifiants proposés par le syndicat de consommateurs UFC Que choisir sur le site OBESIPUB.org :

  • l’obésité a un taux de croissance annuelle de 5,7%,
  • et en un an, la France comptabilise 330.000 personnes obèses supplémentaires,
  • le coût pour la collectivité de l'obésité est estimé à 15 milliards par an,
  • le budget annuel de communication des industries de l'agro alimentaire est de 1,5 milliard d'euros,
  • Sur plus de 1000 publicités analysées par l'enquête que choisir sur les programmes pour enfants, 87 % des spots sont pour les produits alimentaires particulièrement sucrés ou gras.
Pour mettre fin à ce harcèlement alimentaire, vous pouvez écrire un courriel aux parlementaires pour dénoncer le laxisme des annonceurs et leur demander d’encadrer par la loi la publicité à destination des enfants.

C'est très simple (1 clic) et c'est ici
voir aussi l'article du Monde.

Read more!

lundi 17 septembre 2007

Les leçons du "spin doctor" de Blair


Les blairistes ont encore quelques leçons à donner aux socialistes. La preuve dans cet interview d'Alastair Campbell, ancien directeur de la communication de Tony Blair (le Monde du 16 septembre). C'est vrai que ça se lit sans plaisir particulier car Sarkozy est présenté comme un exemple alors que les erreurs de communication commentées sont celles ... des socialistes.
Blair incarne souvent quelque chose de diabolique pour les socialistes français. Certains se disent peut être qu'il vaut mieux perdre avec nos idées que gagner avec les siennes, c'est à dire, en entrainant tout son parti vers la droite. De plus Blair passe volontiers pour un manipulateur ou même un menteur. Sa communication est-elle donc un exemple à suivre ? son gourou (spin doctor) est-il un expert légitime ? Pense-t-il pouvoir nous donner des leçons pour maitriser la "pipeolisation" ou la politique spectacle ?

je vous conseille de juger sur pièce : Campbell parle plutôt de clarté et permanence du message, de s'adresser à la population et non de discourir entre socialistes, d'être précis dans le choix des mots, de ne pas confondre objectif, tactique et stratégie...

Rien de fondamentalement décoiffant mais chaque reproche est étayé par un exemple précis. Alors on se dit que oui, les socialistes ont des marges de progression en communication.

Il se trouve que c'est justement une des pistes que je me propose d'explorer dans ce blog.

Lire l'article sur le site du Monde.

Read more!

jeudi 13 septembre 2007

Qui a peur de la démocratie participative ?


Dans cet article, vous trouverez, entre autres choses, une liste des défauts de la démocratie participative (DP) : défauts supposés, préjugés, procès d’intentions de tous poils mais aussi inconvénients bien réels, auxquels on peut, parfois, apporter des correctifs, parfois pas.
Cet inventaire n’est sans doute pas le meilleur moyen de « vendre » la démocratie participative à nos concitoyens. Il paraît à priori plus simple et logique de dresser la liste de ses qualités qui vont lui permettre de sauver notre vieux système de représentation sclérosé. Sauf que les défauts de la DP ressemblent à ceux de la démocratie et que comme disait Churchill et comme chacun sait désormais, la démocratie est le pire des systèmes à l'exception de tous les autres. Ne peut-on dire la même chose de la DP ? Faire la liste de ses défauts, c’est aussi apprendre à faire avec ou chercher des solutions pour faire sans. Apprendre à ne garder de la démocratie participative que ce qui peut améliorer la démocratie tout court.

La démocratie participative ? non merci, tout va très bien comme ça


Ici pourrait se glisser le passage obligé sur la crise de notre système actuel de représentation. Il faudrait évoquer les notions d’abstention, de désaffection, de sous représentation, de confiscation, d’image négative, de technostructure… cette démonstration n’est sans doute pas nécessaire car chacun sent bien qu’il existe un problème. La dernière élection présidentielle a marqué cependant une sorte de renouveau démocratique. La participation a été forte, y compris chez les jeunes, les débats nourris et passionnés… Sauf que les 3 principaux candidats, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou, ont chacun fait campagne sur la rupture, le changement de système, d’époque, de logiciel… L’élection suivante, celle des législatives, a montré que le phénomène de baisse continue de la participation était bien une tendance lourde et que la présidentielle était l’exception.


Et au niveau local ?


On sait que les maires sont jugés de façon positive par les français. Quand ils disent du mal des hommes politiques, ils sous-entendent « sauf monsieur le maire bien sûr ». Donc tout va bien ? Pas si sûr. D’abord, à l’exception des grandes villes, il existe une vraie difficulté à recruter du personnel politique local. C’est une activité qui demande du temps et de l’énergie et qui apporte en retour assez peu de rétributions, symboliques ou matérielles.
Un autre problème peut être pointé : celui de la difficulté à faire vivre un débat municipal. Qui s’intéresse aux conseils municipaux ?quelle part de la population est réellement informée, impliquée dans ses discussions ? Sans parler des échelons du Conseil général ou de l’intercommunalité qui ne rencontrent qu’indifférence et incompréhension de la part de la population.
Il faut dire aussi que les sujets apparemment les plus simples, comme la propreté ou le ramassage des déchets, font en réalité appel à toutes sortes de connaissances administratives, techniques, juridiques, économiques : ils nécessitent de savoir quelle collectivité est compétente sur quelle question, comment fonctionne une délégation de service public ou un appel d’offre, quels sont les acteurs économiques du secteur : Le résultat est que, tout comme au niveau national, la technostructure gagne sans cesse du terrain.


Injecter du sang neuf

Pour régénérer un système dont on voit les signes d’usure, pour inverser la tendance au désintérêt et au désengagement des citoyens envers la politique traditionnelle, il faut que de nouvelles couches de la population soient sollicitées, avec des moyens nouveaux et différents. Cela peut être une des justifications de la DP : la politique à l’ancienne a besoin de la DP.
L’autre bonne raison pour aller dans cette direction est la demande. Les citoyens réticents à l’engagement politique traditionnel sont néanmoins demandeurs de formes nouvelles. Le succès des conseils de quartier, mis en place dans les grandes villes lors du dernier mandat municipal en témoigne. Pour la politique nationale, le cas des forums participatifs de la campagne de Ségolène Royal a joué un rôle de révélateur. L’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir a mis la DP au second plan mais d’une façon provisoire à mon avis. L’approche des municipales va réactiver cette question. Ses partisans et ses adversaires vont se déclarer et commencer à s’empoigner.


Élus versus démocratie participative


Il existe une vision de la DP, qui ne manque pas de logique et qui pourrait se résumer par cette évidence : si les élus représentent les citoyens, qui représentent les citoyens auxquels la DP donne la parole. Bien sûr la réponse s’impose : ils ne représentent qu’eux même.
L’arrivée de la DP dans notre système politique revient à remettre en cause de facto la légitimité des élus pour lui opposer celle de « simples citoyens » dont la légitimité est en fait beaucoup plus problématique.
Les élus sont contestés au nom de leur faible représentativité. Ce sont des hommes, plutôt âgés, issus de la fonction publique ou de profession libérale et n’appartenant pas aux « minorités visibles » de la société. La DP donne pour sa part la parole à ceux qui sont volontaires pour assister à des réunions le soir et se trouvent être le plus souvent des hommes, plutôt âgés et retraités et n’appartenant pas non plus aux « minorités visibles » de la société.
Transférer une parcelle de pouvoir des politiques vers cette population semble de nature à faire régresser la démocratie plutôt que la faire progresser. Et que dire des associations représentant toutes sortes de populations, les piétons, les automobilistes, les buveurs d’eau, etc. Les avons-nous désignés ? D’où tiennent -t-ils leurs mandats ? les tenants de la DP répondent alors : ils le tiennent des membres de leur association qui les ont désignés. Tout comme les hommes - les femmes - politiques sont désignés par les partis et leurs militants.


Militants versus démocratie participative

Si le militantisme, le système des partis, étaient bien fait, il n’y aurait pas besoin de la participation citoyenne – si la démocratie participative était bien faite, il n’y aurait pas besoin de partis politiques.
C’est un peu une provocation, un peu une boutade, mais pas seulement. Les partis politiques sont sensés représenter la société et désigner en leur sein les candidats aux élections. Il est quasi impossible d’être élu sans être passé par eux. Toute la validité démocratique du système électif repose sur deux présupposés :
- Les partis représentent la société dans sa diversité ;
- ils ont eux même un fonctionnement démocratique.
Bien évidemment ces deux affirmations sont discutables. Si le PS devenait réellement un parti de masse, si sa sociologie correspondait à son électorat, s’il renouvelait ses modes de débats collectifs, si tous les partis politiques connaissaient aussi de telles évolutions… Alors la DP serait inutile.
Si la DP n’avait les inconvénients que j’ai cités précédemment (et ce n’est pas fini), alors les partis seraient inutiles.
En attendant ce grand soir de la démocratie, mieux vaut tacher de fonctionner avec les partis ET la démocratie participative.


Qui décide quoi ?


Tant que la DP se réduira à des réunions de quartiers, tant que ne participeront que « ceux qui ont le temps » ou « qui habitent à côté », sans autre forme de légitimité, il me semble déraisonnable de lui donner un rôle autre que consultatif ou marginal. Les citoyens concernés par un projet peuvent trouver de l’information, se faire une opinion et la faire connaître. Ce n’est déjà pas si mal. Cette opinion peut (et doit) intéresser l’élu mais ne doit pas s’imposer à lui. Il doit pouvoir prendre sa décision, ses responsabilités en fonction de ses convictions et de ce qu’il pense être l’état de l’opinion.
L’inconvénient de cette conception est que la DP peut se transformer en outil de communication, et même diront certains, en outil de manipulation. C’est un risque à garder présent à l’esprit.


L’épouvantail du jury populaire


Pour faire correspondre une assemblée de citoyens à la population, une méthode existe depuis fort longtemps (les fameux grecs) : le tirage au sort. L’idée a même été agitée par Ségolène Royal pendant la campagne (je l’avais commenté dans ce billet). Les arguments invoqués précédemment sur le défaut de représentativité ou de légitimité tombent.
En revanche, bien que représentatif et légitime, le jury populaire tiré au sort se voit soupçonné 1/de faire doublon avec les élus 2/d’être incompétent. Une réponse sur le premier point avait été donnée par Ségolène Royal : charger ces jurys de l’évaluation des politiques publiques. Celle-ci n’existe pas vraiment dans notre pays et la confier à des citoyens ne prive personne de son job. Mais seront-ils qualifiés pour le poste ? Le deuxième argument, celui de l’incompétence, parait plus difficile à écarter. Sauf à rendre les gens compétents avant de leur demander leur avis. N’est-ce pas le rôle d’une démocratie que de former ses citoyens ?


La république des sondages ?


De simples citoyens ont la parole tous les jours sur toutes sortes de matières via les sondages. Ils expriment une opinion spontanée sur un sujet auquel ils n’ont pas réfléchi et ces sondages là, guident ensuite l’action publique. Gouverner avec les sondages, c’est par définition gouverner avec un point de vue non éclairé. Pour que la DP évite ce travers, les citoyens doivent délibérer et non répondre par oui ou par non à un enquêteur. Cela implique au préalable d’avoir été formé et informé, de préférence par des experts impartiaux, désignés par les jurés eux-mêmes ou par une autorité indépendante. Tout cela paraît bien compliqué mais est déjà en œuvre en Allemagne par exemple.


Et au niveau local ?

Quand un équipement concernant un vaste territoire (une ligne de chemin de fer, un contournement routier, un stade, etc.) est soumis à la concertation, les participants sont pour la plupart des riverains du projet, c'est-à-dire ceux qui vont en connaître les désagréments et qui sont les seuls à s’exprimer. Les autres, bénéficiaires de l’équipement, ne se dérangent pas pour dire ce qu’ils en pensent.
Un jury tiré au sort ne présenterait pas les mêmes inconvénients. Ce jury pourrait-il avoir le dernier mot ? Personne n’y est prêt pour le moment mais cela peut constituer un jour une alternative au référendum.


Vers une campagne participative ?


Le dirigeant qui n’écoute que ses convictions est un doctrinaire, celui qui n’écoute que les enquêtes d’opinion est un démagogue, les autres sont des hommes ou des femmes politiques.
Par excellence, une campagne électorale doit être un moment de rencontre entre le pays et ses dirigeants et donc comporter des moments d’écoute. Cette écoute doit enrichir les propositions soumises aux électeurs.
Une campagne électorale aujourd’hui ne peut donc s’abstraire d’un dispositif participatif. Les outils technologiques sur le web (voir l’exemple du site de Bertrand Delanoë) peuvent se révéler précieux tout comme les forums et cafés politiques. Les conversations sur le marché, au comptoir du commerce ou dans les cages d’escalier ont également leur place.
Pour une démocratie vivante, faisons flèche de tous bois.

Cet article est également publié par Agoravox et LePost
le sujet sera abordé samedi 15 novembre dans l'atelier "outils de la démocratie participative" lors du séminaire de rentrée de la fédération du PS du Rhône


Read more!