jeudi 15 mars 2007

Pourquoi Bayrou ? (1/2)

Comment expliquer la montée de Bayrou… et quels sont les bons arguments à opposer à ceux - collègues, amis, membres de votre famille - qui s’orientent vers ce vote ?
Choisissez à votre gré parmi ces éléments d’explication et de démystification.

L’élément de surprise
La montée de Bayrou dans les sondages est en particulier une divine surprise pour les journalistes qui ne voyaient plus de suspense au premier tour avec un duel Sarkozy/Royal annoncé depuis trop longtemps. Pas encore élus, ceux-ci sont-ils déjà usés !?
De même que Ségolène Royal au moment de sa désignation en interne du PS, Bayrou est l’élément inattendu qui perturbe les scénarios pré-écrits. Et qui n’aime pas les surprises ?

L’envie de changement
Le fameux thème de la rupture a été lancé par Nicolas Sarkozy mais est incarné peu ou prou par chacun des candidats :
Rupture avec une façon traditionnelle de faire de la politique pour l’une rupture par le néo-libéralisme pour l’autre, rupture avec la tradition démocratique française dans le pire des scénarios, celui de Le Pen.
Bayrou a choisi, lui, le thème de la rupture avec le fameux axe droite gauche qui structure la vie politique. Il serait possible d’en sortir si « tous les gens compétents et de bonne volonté voulait bien se donner la main ». il propose donc un gouvernement au centre en prenant des ingrédients et des acteurs des 2 côtés de l’échiquier.

Le vote contestataire
Ce n’est pas le moindre de ses exploits de faire figure d’empêcheur de tourner en rond, d’élément perturbateur, anti establishment. Sa révolte la plus fameuse a été contre le JT de TF1 qui ne lui laissait pas assez de place pour s’exprimer. Il peut depuis cette rébellion se poser en porte parole de ceux qui n’ont pas voix au chapitre. Rappelons que cet exclu du système est élu depuis vingt cinq ans.

Le vote rassurant
Le désir d’inattendu, de changement et de contestation reviennent très souvent dans les motivations des électeurs mais se conjuguent avec une autre, diamétralement opposée : le besoin d’être rassuré et, justement, Bayrou rassure.
Il a été ministre à plusieurs reprises, il est à la tête d’un parti bien implanté, qui compte de nombreux élus. Bref ce n’est pas un aventurier surgi de nulle part. Il se démarque à la fois de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sur ce point aussi. Nicolas Sarkozy peut inquiéter à droite ceux qui redoutent son caractère emporté ou agité. Malgré un CV comparable à celui de Bayrou, Ségolène Royal se voit encore reproché sa soi-disant inexpérience. Contrairement à Chevènement en 2002 qui était isolé ou Le Pen qui était et est toujours perçu comme dangereux, Bayrou a un parcours sécurisant puisque tout à fait conforme à la classe politique moyenne. Finalement, entre les 4 principaux candidats, on peut même dire que c’est le plus lisse, le plus consensuel, le plus banal.

Conclusion provisoire : Bayrou ou le vote paradoxal
Bayrou gagne sur l’envie de changement comme sur l’envie que rien ne change. La question qui se pose ensuite est de savoir ce que veulent vraiment les électeurs entre ces aspirations contradictoires ? le changement ou le statu quo ?
Faites une expérience : confrontez un jeune enfant à un choix. Que se passe-t-il ? Il se tortille un petit peu et finit par répondre « je préfère les deux ». Comme les électeurs ne sont pas des enfants et ne doivent pas se comporter comme tels, il faudrait que chacun se décide sur ce point. Mais il faut également pour se prononcer, essayer de savoir ce que ferait Bayrou une fois en situation.